Le retard de production du vaccin d'AstraZeneca est désormais résolu, mais a fortement handicapé le programme Covax, chargé de fournir les pays pauvres, notamment l'Afrique. Un échec qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur un continent où le variant Delta prend de l'importance.
Ce fut un des dossiers qui a pénalisé la politique de vaccination en Europe : les retards de livraison du laboratoire suédois-britannique ont ralenti l’accès aux vaccins sur le Continent et, en avril dernier, la Commission européenne avait lancé l’ouverture d’une procédure en référé contre AstraZeneca devant le Tribunal de première instance de Bruxelles pour non respect du contrat. 270 millions de doses de vaccin devaient être livrées, plus une option de 100 millions de doses supplémentaires. Or, seulement 30 millions de doses avaient été fournies au premier trimestre 2021, et 70 millions à la fin du mois de juin.
Un nouvel accord a été conclu, mettant fin au contentieux légal, et AstraZeneca s’engage à livrer un total supplémentaire d’environ 200 millions de doses. En France, ce vaccin est le troisième plus administré avec plus de 7 millions de doses injectées au 1er septembre, derrière celui de Pfizer-BioNTech (plus de 70 millions) et Moderna (plus de 9 millions). Il faut rappeler que le dossier d’AstraZeneca a souffert de données sur la détection de thromboses (formation de caillot sanguin dans une veine ou une artère). Ce qui avait entraîné l’arrêt des vaccinations de ce vaccin au Danemark et en Autriche.
Retard du programme Covax
Les retards de productions d’AstraZeneca ont aussi fortement ralenti le programme de distribution de vaccins lancé l’année dernière pour offrir des doses dans les pays pauvres, particulièrement en Afrique. Cette alliance à plusieurs milliards de dollars entre les organisations de santé mondiales et des associations à but non lucratif accuse un retard d’un demi-milliard d’injections sur son objectif.
De plus, Covax souffre d’une logistique défectueuse à cause des lenteurs de l’acheminement des doses, depuis le tarmac des aéroports jusqu’aux patients. Les pays pauvres souffrent de moyens pour acheter du carburant afin de fournir les cliniques, mais aussi pour former le personnel médical et convaincre les populations.
AstraZeneca n’est pas le seul industriel fautif. En juin, 100.000 doses du vaccin Pfizer-BioNTech ont été livrés au Tchad. Cinq semaines plus tard, le ministre de la Santé du pays a reconnu que 94.000 doses n’avaient pas été administrées. Même chose au Bénin : sur les 144.000 doses d’AstraZeneca livrées en mars, plus de 100.000 sont arrivées à péremption avant d’être injectées. Les pays riches restent actuellement trop privilégiés face aux nations émergentes.