Les pays développés ont fait d'importantes réserves, au détriment des pays à faible revenu qui manquent de vaccins. D'un côté, des surplus de stocks, de l'autre côté, comme en Afrique, une mauvaise gestion de l'acheminement des lots qui sont périmés avant même d'être administrés. Et cette tendance pourrait s'aggraver avec les prochains mois.
Face au variant Delta, certains pays développés ont déjà commencé l’administration de la troisième dose de vaccin. Cette fracture vaccinale est condamnée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) car dans les pays à faible revenu, 1% à peine de leur population est actuellement vaccinée. Selon le site Our World Data, ils sont moins de 3%, en Afrique, à avoir bénéficié du cycle vaccinal complet.
Cette inégalité face à la pandémie est d’autant plus injuste que plusieurs pays ont jeté des millions de doses. C’est le cas aux Etat-Unis où au moins 15 millions de doses ont été gaspillées depuis le 1er mars, selon le média NBC. Et la grande majorité de ces lots ont été détruits durant les mois d’été, de juin à août. Certes, c’est une fraction des 444 millions de doses distribuées, ainsi que les doses effectivement administrées (371 millions). Mais les chiffres sur le gaspillage sont certainement sous-estimés, plusieurs agences fédérales ou Etats manquant de données. Au Canada, des dizaines de milliers de doses n’ont pas été utilisées, le pays ayant réservé 9,5 doses par habitant.
La mauvaise organisation de la politique vaccinale
L’Union européenne, critiquée au lancement de sa campagne vaccinale pour sa lenteur, se trouve désormais avec des surplus de stock. Ces doses sont jetées car leur date de péremption est passée, parfois parce que des problèmes de réfrigération sont survenus, comme des erreurs de dilution ou des fioles fissurées. Une fiole de vaccin contenant plusieurs doses, elle doit être utilisée dans les heures qui suivent. Si les rendez-vous ne sont pas honorés, le vaccin doit être détruit.
Et cela risque de perdurer. Le Royaume-Uni a acheté 467 millions de doses pour l’année 2021. Soit près de sept doses par habitant. Selon le British Medical Journal, il y aurait plus de 220 millions de doses de surplus cette année, et potentiellement plus de 420 millions l’année prochaine. En France, fin mars, 110.000 doses ont été perdues, ce qui représente moins de 1% des doses. Mais depuis, les données ne sont pas divulguées. En Lituanie, pays de moins de trois millions d’habitants, plus de 20.000 doses étaient périmées en juillet. Même situation en Pologne, où 70.000 doses ont été jetées.