Son départ annoncé de longue date, et qui prendra effet dans quelques mois, laisse l'Europe face à des défis immenses, comme rattraper son retard face au changement climatique, décider du type de relance pour l'économie de l'après-Covid, et renverser le déclin géopolitique de l'Europe, qui reste pourtant un des plus grands marchés économiques du globe.
L’Europe a les yeux tournés vers l’Allemagne qui voit le départ de la chancelière Angela Merkel avec un mélange de reconnaissance et d’incertitude politique. Les législatives de ce dimanche donneront des indications sur le prochain gouvernement. Au pouvoir depuis 2005, il sera difficile de la remplacer, mais les chantiers à venir sont si importants qu’un espoir de renouveau souffle, même si la crise des sous-marins a, encore une fois, démontré un manque de volonté sur des sujets aussi importants que la défense.
A l’heure de son départ, la majorité des leaders européens saluent son autorité et son pragmatisme. C’est l’avis du Premier ministre néerlandais Mark Rutte ou de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui considère que son rôle a été crucial pour débloquer des négociations compliquées. Pour le politologue Janis Emmanouilidis, de l’European Policy Centre (EPC), « son départ laisse un vide », qui symbolise « la fin d’une époque ». Angela Merkel a du affronter une succession de crises, comme celle de 2008, le Brexit, et l’épidémie de Covid 19. Au niveau populaire, une étude menée dans douze pays de l’UE par le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), 41% des personnes interrogées voteraient pour Angela Merkel plutôt qu’Emmanuel Macron, s’il fallait élire un président pour l’Europe. A son crédit, la politique courageuse au niveau migratoire, en ouvrant les frontières allemandes aux réfugiés en 2015, ce qui a motivé l’énergie du pays entier, malgré les attaques dont elle a été la cible. Sa gestion de la crise du Covid-19 est considérée comme globalement positive.
Manque de volontarisme écologique
On reproche à Angela Merkel de ne pas avoir mené une politique plus audacieuse en direction des femmes et en faveur de l’écologie. Elle n’est pas, de son aveu, une féministe. On lui reproche encore son attitude trop ferme face aux pays endettés comme la Grèce, au début des années 2010. Pour certains, comme l’ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker, elle n’est pas parvenue à « sauver l’Europe » ; « C’est le narratif allemand qui voudrait qu’elle ait été à l’origine de toutes les solutions dans les crises graves. Je ne sous-estime pas le rôle qu’elle a joué, mais je suis loin de le surestimer pour avoir vécu ses propres hésitations durant cette période qui fut parmi les plus difficiles de la construction européenne ».
Et surtout, Angela Merkel laisse de nombreux défis et un chantier vide sur de nombreux fronts. Pour Piotr Buras, de l’ECFR, « Mme Merkel a peut-être habilement maintenu le statu quo sur le continent au cours des dernières années, mais les défis auxquels l’Europe est confrontée aujourd’hui exigent des solutions radicales, et non des changements cosmétiques. Ce dont l’UE a besoin aujourd’hui, c’est d’une Allemagne visionnaire ».