Presque trois ans avant le début de la crise, la vaccination dans les pays de l'Est de l'Europe souffre d'un retard désormais catastrophique. Les populations non vaccinées n'ont pas confiance dans les institutions médicales de leurs pays, nourrissant une épidémie qui sera, forcément, aggravée par le froid de l'hiver.
La pandémie semble bien s’installer pour un troisième hiver inquiétant pour l’ensemble des Etats et des populations du Vieux Continent. La lassitude face aux gestes barrière, et la méfiance face aux vaccins disponibles, sont les principales raisons de la résurgence de l’épidémie, nourrie par des taux de vaccination très faibles dans les pays de l’Est de l’Europe. La Russie ne parvient pas à juguler une transmission du virus que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) juge « très préoccupante », mais la situation n’est guère meilleure en Ukraine, en Roumanie, où les hôpitaux sont si débordés que certains malades sont soignés dans les parking des centres de soin.
Selon l’OMS Europe, les hospitalisations ont plus que doublé en une semaine et le nombre de nouveaux cas par jour est en hausse depuis plus de six semaines consécutives. Le nombre de décès est aussi en hausse depuis plus de sept semaines : 250.000 cas et 3600 morts quotidiennes. L’Allemagne, où le taux de vaccination est plus faible qu’en France, est touchée par une quatrième vague « massive » selon le gouvernement d’Angela Merkel. Hier, 33.049 nouveaux cas ont été enregistrés en à peine 24 heures. Il faut remonter au 18 décembre 2020 pour un tel record, avec 33.777 infections en une seule journée.
Un risque confirmé de 500.000 décès sur le continent
Depuis le début de la crise, l’Europe a enregistré plus de 1,4 millions de morts. Et ce chiffre pourrait être très sous-estimé, car la surveillance de l’épidémie, à l’Est, ne prend pas toujours en compte les décès survenus au domicile des personnes malades. « Si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus au Covid-19 dans la région d’ici à février » , a déclaré Hans Kluge, le directeur de l’OMS Europe.
Comme la majorité des nouvelles infections concernent les personnes non-vaccinées, de nouvelles mesures plus radicales pourraient être imposées à leur encontre. Dans certaines régions allemandes, comme la Saxe et le Bade-Wurtenberg, l’accès à certains lieux publics pourrait être réduit, avec une demande renforcée de preuves de non contamination, comme un coûteux test PCR.
Si le Royaume-Uni est le premier pays à autoriser le molnupinavir, le traitement par comprimé du laboratoire américain Merck, le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce traitement prometteur n’est toujours pas finalisé au niveau européen. Et puis, le coût du traitement sera sûrement un frein dans les pays d’Europe de l’Est, où la nécessité de la vaccination prévaut. Or, en Ukraine ou d’autres pays voisins, la confiance envers les institutions a énormément souffert de la catastrophe de Tchernobyl, pourtant vieille de 35 ans, mais qui a profondément marqué les esprits.