L'arrivée de l'Ukraine au sein de l'Union européenne est surtout une demande politique et symbolique alors que le pays voit les troupes soviétiques progresser sur le terrain. Les institutions européennes veulent avant tout réaffirmer leur solidarité vis-à-vis de leur voisin ainsi que la vocation européenne de l'Ukraine.
Cherchant à consolider le soutien de l’Europe face à l’invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a formulé le souhait de voir l’Ukraine rejoindre l’Union européenne (UE) et de bénéficier d’une « procédure spéciale », une démarche soutenue par les eurodéputés et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. Le 1er mars, Zelensky s’est adressé au Parlement de Bruxelles lors d’un discours vidéo qui a été longuement applaudi. Et dans une lettre ouverte, huit pays voisins de l’Ukraine – la République tchèque, la Lettonie, la Bulgarie, l’Estonie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie- ont appelé à ouvrir ces discussions d’adhésion.
De leur côté, la Moldavie et la Géorgie ont officiellement déposé hier leur candidature pour intégrer l’Union européenne. Depuis 2014, la Moldavie, ancienne république soviétique, a signé un accord d’association avec Bruxelles, mais qui ne garantit pas une intégration future. Le pays de 2,6 millions d’habitants fait face à une crise économique importante et souffre d’un déclin démographique sans précédent : depuis le début des années 90, à cause du chômage, près d’un tiers de sa population a émigré.
Si ces demandes bousculent le calendrier européen, « ce que font les députés et les leaders européens est remarqué et attendu par la population ukrainienne. Dans ces heures graves, c’est la moindre des choses que les institutions et les élus européens soient au rendez-vous de ce moment historique », a résumé Antoine Guéry, porte-parole de Stéphane Séjourné, le président du groupe Renew Europe au Parlement européen.
Un processus compliqué, loin de l’urgence face à la guerre
En réalité, l’UE n’a prévu aucune « procédure spéciale » et pour aider l’Ukraine, il faudrait l’inventer et donc modifier les traités, ce qui prendrait plusieurs années. « On ne pourra pas aller plus vite pour l’Ukraine que pour les autres États membres. D’expérience, on sait que cela prend environ une dizaine d’années », selon Pascale Joannin, la directrice générale de la Fondation Robert Schuman. Et cela pourrait même entrainer un basculement du continent dans le conflit. En cause, un article du traité de Lisbonne de 2007 qui contient une « clause d’assistance mutuelle », à la manière de l’article 5 du traité de l’Otan. Ce rapprochement est d’ailleurs le motif principal de l’invasion ukrainienne par Vladimir Poutine.
L’inclusion de l’Ukraine ne peut donc se faire dans l’urgence. Des négociations complexes doivent être menées sur de nombreux sujets et des critères stricts comme la stabilité politique et une économie de marché viable. Ce qui n’est bien sûr pas le cas en temps de guerre. Il existe en outre l’aval unanime des 27 pays membres. En attendant d’obtenir un statut de candidat, l’Ukraine pourrait être associée plus étroitement à la vie des institutions européennes. Charles Michel a notamment promis d’inviter Volodymyr Zelensky à participer régulièrement aux sommets des chefs d’État et de gouvernement.