L'Europe n'a pas été un thème important lors du premier tour de la Présidentielle, mais devrait être un sujet pivotal pour le second tour. Marine le Pen tente d'attirer à elle les eurosceptiques et les populistes, Emmanuel Macron se montre en garant de la place de la France au sein de l'Europe.
Bis repetita. En 2017, Emmanuel Macron avait promis de faire barrage à l’extrême droite durant son mandat mais, cinq ans plus tard, les Français devront à nouveau faire le choix, le 24 avril prochain, entre le Président sortant et Marine Le Pen. Si les questions européennes ont été peu discutés lors du premier tour des présidentielles, elles seront forcément au centre des choix des électeurs. C’est que les deux candidats portent des projets fondamentalement différents sur la question européenne.
Emmanuel Macron est actuellement à la tête de la présidence sortante du Conseil de l’UE et sa posture le met forcément dans une dynamique européenne : « Nous pouvons faire le choix de l’espoir, le 24 avril, nous pouvons faire le choix de la France et de l’Europe ensemble. » a-t-il déclaré. Et face au très bon score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour, il espère trouver auprès de la gauche radicale des électeurs très attachés à l’Europe. « Je pense qu’il doit tenir compte de la logique du deuxième tour, qui suppose un report de voix, notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon. Donc l’euroscepticisme n’est pas uniquement à l’extrême droite, c’est quelque chose qui est également diffus à gauche. Dans ses derniers discours il a appelé pour un rassemblement de la social démocratie aux néo gaullistes, donc pas exactement des Européens fédéralistes fervents », analyse Christophe Sente, chercheur à l’Université Libre de Bruxelles. Mais si Jean-Luc Mélenchon a appelé à ne pas donner « une seule voix » à Marine le pan au second tour, il semblerait difficile pour lui d’appeler à voter Macron, tant la colère et l’antagonisme sont fortes, dans son camp, face au Président sortant.
Un RN profondément eurosceptique
La campagne de la candidate du RN a été jugée, jusqu’à présent, bien meilleure que celle qu’elle a menée en 2017. Laissant Eric Zemmour assurer un discours radical sur l’identité nationale et l’islamophobie, elle dispose désormais du rapport des voix de ce dernier, même s’il n’est pas assuré. Et si elle ne parle plus de sortie de l’Euro, voire du projet européen, son programme reste antagoniste sur les relations internationales. « Je restaurerai dans tous les domaines la souveraineté de la France c’est-à-dire pour les Français la liberté de décider pour eux-mêmes et de défendre leurs intérêts » est son slogan traditionnel.
« Marine Le Pen remet en cause certaines obligations de la France et envisage par exemple de rétablir un contrôle aux frontières sur les marchandises qui ferait rétablir les frontières hexagonales au sein du marché unique, ce qui ne peut pas se passer, c’est contraire aux traités. Sa politique migratoire, évidemment, serait aussi fortement en contradiction avec les engagements européens et le partenariat avec les autres Etats membres. », estimeEric Maurice, responsable du bureau bruxellois de la Fondation Robert Schuman.
Reste en outre les relations privilégiées de Marine Le Pen avec Moscou, qui auront sûrement une influence sur le vote à venir, la guerre en Ukraine faisant désormais partie des sujets de la campagne présidentielle, sur le pouvoir d’achat des Français – un autre thème central de la population. Et comme les sondages montrent les deux candidats au coude à coude, tout sera décidé lors du duel télévisé du 20 avril.