Avec le projet de loi qui cherche à modifier une disposition de l'accord sur le Brexit, et plus précisément le protocole nord-irlandais, Boris Johnson se met à dos l'Union européenne et les deux Irlandes, avec peu de chances de réussir.
Boris Johnson est parvenu à se mettre à dos toutes les parties prenantes du protocole nord-irlandais, qui régit, depuis le Brexit, les douanes européennes entre le marché commun et le Royaume-Uni en mer d’Irlande. Son nouveau projet de loi, qui permet d’outrepasser certaines parties de l’accord du Brexit, pourtant signé par lui-même il y a deux ans, veut revenir sur les frontières entre les deux Irlandes. L’Union européenne menace déjà Londres de représailles, mais la colère est très forte aussi du côté unioniste – comme du côté du Parti Unioniste démocrate (DUP), qui considère que c’est une « première étape » sans vraiment croire à une issue concrète. Les autres partis nord-irlandais ont rejeté «dans les termes les plus forts possibles la nouvelle législation, qui va à l’encontre des souhaits exprimés non seulement par la plupart des entreprises, mais aussi par la plupart des habitants d’Irlande du Nord».
Le projet de loi comprend la création de deux voies commerciales entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Une verte et une rouge afin de distinguer les marchandises circulant à l’intérieur du Royaume-Uni des biens à destination de l’UE, ceci afin de supprimer les formalités administratives. «Ce projet de loi […] est une solution raisonnable et pratique aux problèmes auxquels l’Irlande du Nord est confrontée, a défendu la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.
Refus patient de l’UE
Ce dossier ne facilite pas les relations entre l’Europe et le Royaume-Uni et l’Union européenne refuse de renégocier le protocole. «La renégociation du protocole est irréaliste. Toute renégociation ne ferait qu’accroître l’incertitude juridique pour les personnes et les entreprises d’Irlande du Nord» a déclaré Maroš Šefčovič, le vice-président de la commission européenne. Et de souligner que cet imbroglio montre que la Royaume-Uni ne respecte pas ses promesses lors des négociations sur le Brexit, qui est de plus en plus vu comme la raison principale de la crise économique et sociale que traverse le pays. Les Britanniques qui ont voté « Leave » espéraient une renaissance du pays. Il est désormais à la queue du G7.
La fronde contre le projet de loi est partagée par certains députés conservateurs, et les observateurs notent qu’un vote positif au Parlement est peu probable. Pour des raisons juridiques, ce texte prendrait du temps pour être évalué, et rien ne garantit que Boris Johnson gardera son poste dans les mois qui viennent, surtout après la morion de défiance qui a été votée contre lui. En voulant assoir une autorité vacillante, Boris Johnson est aussi empêtré dans sa volonté de renvoyer certains migrants au Rwanda, ce qui complique un peu plus son image internationale et suscite la colère des Britanniques, beaucoup plus inquiets face à la vie chère.