L’entrée formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 Etats membres de l’Alliance, est un long processus qui prendra des mois. Mais la gravité de la guerre en Ukraine, que rien ne semble stopper, a fait basculer les pays nordiques dans l'OTAN.
Qui aurait pu croire, il y a quelques mois, que la Finlande et la Suède, traditionnellement non-alignés, rejoindraient en un temps record l’Alliance? La guerre en Ukraine a totalement bouleversé l’équilibre européen et les deux pays nordiques ont désormais signé un accord pour rejoindre l’OTAN, mardi dernier, lors d’un sommet historique à Madrid. Le même jour, une attaque russe a dévasté un centre commercial de la ville de Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, faisant au moins 18 mors et une quarantaine de disparus. Le fait que la cible n’ait pas été militaire, loin des affrontement dans le Donbass, inquiète désormais l’ensemble de l’Ukraine. Ce bombardement est « l’un des actes terroristes les plus éhontés de l’histoire européenne », a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’attaque a été vivement condamnée par les dirigeants du G7, qui s’est tenu en Allemagne, où de nouvelles mesures contre Moscou ont été prises, comme l’interdiction des importations d’or de Russie. Plus de 40 chefs d’Etat et de gouvernements se sont réunis et qui ont fait écho au « sommet pivot » de Madrid, qui a vu l’Alliance présenter son nouveau « concept stratégique ». Car l’aide financière en direction de l’Ukraine atteint désormais des sommets avec 29,5 milliards de dollars. Cette aide sera aussi humanitaire, militaire et diplomatique afin de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ».
La Turquie en embuscade
Le G7 s’est aussi engagé à verser 4,5 milliards de dollars supplémentaires pour atténuer la crise alimentaire mondiale, pour un grand total de 14 milliards d’engagements communs pour cette année. Car même si l’Ukraine était le sujet central du sommet, la planète fait face à de nombreux dangers, comme les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui devraient être réduites de 43% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2019. Le secteur routier devrait être fortement décarbonaté d’ici à 2030.
Mais comment tenir ces engagements quand la crise des matières premières provoque la poursuite et le développent du charbon? L’écologie peut-elle devenir mondiale par temps de guerre? Et ne faut-il pas reconnaître dans le jeu de la Chine et de la Turquie des raisons de douter d’un pacte pivotal face aux risques actuels? Jusqu’au dernier moment, la Turquie s’est opposée à l’intégration de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, accusant ces deux pays de protéger des membres du PKK. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est pourtant la seule force militaire qui a obtenu des victoires majeures en Syrie et qui dispose dans le Nord-Kurdistan d’une démocratie unique dans la région. Mais Recep Tayyip Erdogan, qui fait face à une crise intérieure majeure en Turquie, a besoin d’intervenir militairement au nord de la Syrie et de relancer sa lutte contre le PKK, que l’Europe considère comme « terroriste ». Pour que l’accord de Madrid soit signé, Helsinki et Stockholm se sont engagées à « faire preuve de solidarité avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes ». Une concession qui inquiète désormais les populations kurdes, en Suède notamment.