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Taxonomie : l’UE accorde un « label vert » au nucléaire et au gaz

jeudi, 7 juillet, 2022 - 08:31

Pour atteindre ses objectifs de neutralité climatique en 2050, l'Europe doit jouer avec les étiquettes et inclure ces sources d'énergie polluantes. Mais les lobbies ont fini par convaincre : pour réduire le risque du recours massif au charbon, les énergies renouvelables ne suffiront pas pour assurer l'indépendance énergétique du continent.

Poussé par Emmanuel Macron entre autres, le Parlement européen a finalement décidé que le nucléaire et le gaz seraient considérés comme des énergies durables. L’instance européenne a rejeté une proposition qui visait à exclure ces deux ressources de la taxonomie – système qui permet de classifier les investissements jugés comme durables dans l’Union européenne (UE) et qui entrera en vigueur l’année prochaine. On aurait pu penser que l’issue du vote serait serrée car les groupes politiques étaient eux-mêmes divisés sur le sujet. Mais les intérêts nationaux ont pris le pas sur une vision écologique plus logique : une majorité de 328 eurodéputés, contre 278, a entériné que ces sources d’énergie pourront recevoir des financements. Le nucléaire n’est pourtant pas une source renouvelable : les déchets doivent être enfouis, l’extraction de l’uranium est toxique pour la nature et et l’industrie nucléaire, notamment française, fait face à des pannes récurrentes.

Mais le Parlement considère que c’est une source d’énergie plus propre que celle du charbon. Même argument pour le gaz. « Le gaz est possible uniquement pour remplacer le charbon, seulement avec les meilleures technologies disponibles. Concernant le nucléaire, le nucléaire est risqué, c’est pourquoi il n’est pas dans la catégorie verte, mais c’est une énergie décarbonée. C’est donc utile dans la lutte contre le changement climatique », se félicite le président de la commission Environnement du Parlement européen, Pascal Canfin (Renew Europe).

Contestation des écologistes

Les défenseurs du climat estiment que cette décision fait passer le nucléaire pour une solution et le gaz pour un combustible de transition, alors qu’ils ne considèrent ni l’un ni l’autre comme une solution au changement climatique. « C’est un désastre pour le Pacte vert. Si vous voulez perdre toute crédibilité en vous tirant une balle dans le pied c’est exactement ce qu’il faut faire », regrette Philippe Lamberts , co-président des Verts. « Il y a aussi le coût économique, ajoute Magda Stoczkiewicz, directrice du programme européen de Greenpeace. Les installations sont très coûteuses. Et le nucléaire est très coûteux, et c’est pourquoi personne ne le construirait avec des fonds entièrement privés. C’est pourquoi les gouvernements le soutiennent. Mais cela va bloquer l’investissement dans les énergies renouvelables. Donc au lieu d’être une transition, ce sera juste un verrouillage. »

Pour de nombreux experts, la décision européenne est un non-sens. D’autant plus que le Parlement européen a récemment adopté la réforme du marché carbone, qui prévoit notamment une taxe aux frontières  pour les importations de biens polluants afin de protéger les entreprises européennes soumises aux règles en la matière.


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