Le géant russe a réduit de 80% les quantités de gaz livrées par Nord Stream au fil des derniers mois. Cette nouvelle décision fragilise à nouveau le cours des énergies en vue de l'hiver prochain.
Annoncée cet été par Gazprom, cette interruption est liée à des travaux « nécessaires » dans une station de compression, située en Russie. Mais ce n’est pas la première fois que cette décision est annoncée et, pour le patron de l’Agence allemande des réseaux, Klaus Müller, les travaux qui débutent sont « incompréhensibles sur le plan technique ». L’expérience montre que la Russie « prend une décision politique après chaque soi-disant ‘maintenance’», a-t-il observé, y voyant un nouveau prétexte pour accentuer la pression sur les alliés de l’Ukraine.
Pour tous les pays européens, l’urgence est de constituer des réserves pour passer l’hiver. En Allemagne, l’objectif de stockage de gaz fixé par le gouvernement pour octobre, à 85 %, devrait être atteint « dès le début du mois de septembre ». En France, l’arrêt des livraisons de gaz est lié à des payements non reçus : Engie a annoncé dans un bref communiqué que le géant russe Gazprom l’avait informé de réductions supplémentaires et immédiates de ses livraisons de gaz auprès de lui « en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats ».
Jeudi dernier, les stocks de gaz de la France ont dépassé le seuil de 90% de remplissage pour l’hiver (91,47% ce mardi matin), et la France est en bonne route pour tenir son objectif de 100% d’ici novembre. C’est actuellement le cas pour la Pologne et le Danemark qui disposent d’ores et déjà de 100% de réserves, la moyenne pour l’UE étant de 79,9%. Les ministres de l’Energie européens se réuniront le 9 septembre pour discuter d’une réforme du marché commun de l’électricité, voire un plafonnement des prix. L’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz est de plus en plus remise en question.
En France, un conseil de défense consacré à la crise énergétique
Le président Emmanuel Macron réunira ce vendredi un Conseil de défense consacré à l’approvisionnement en gaz et en électricité de la France, a indiqué mardi l’Elysée, confirmant des informations de presse. Ces réunions rassembleront le président de la République, des ministres et des experts. Mais l’opposition critique ce cadre car les réunions seront organisées à huis clos. Selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, « Il y aura des communications régulières, je ne sais pas encore quelle forme ça prendra mais c’est fondamental de le partager ». « Ne voyez pas ça comme une enceinte secrète de discussion », assure-t-il. Une transparence loin d’être garantie, alors que la rentrée pourrait être marquée par une agitation sociale, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni.