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La Hongrie pourrait perdre 7,5 milliards d’aide européenne

dimanche, 18 septembre, 2022 - 15:34

Le conflit dure depuis maintenant dix ans entre la Commission européenne et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, accusé de diriger un pays qui n'est plus démocratique. Institutions fragilisées, médias contrôlés, droits des minorités et des femmes réduites.

C’est un feuilleton qui dure depuis longtemps, peut-être trop longtemps.  Comme la Pologne, la Hongrie est sous le radar de la Commission européenne, qui a proposé, ce dimanche, de suspendre ses 7,5 milliards de financements européens.  De plus la Hongrie est le seul pays de l’UE qui n’a pas encore reçu l’aide post-Covid, d’un montant de 5,8 milliards d’euros. Dans ce va et vient de pressions, Budapest a annoncé une série de mesures, notamment la mise en place d’une « autorité indépendante » chargée de lutter contre la corruption et de renforcer la transparence des procédures de passation de marchés publics. « La Hongrie s’est engagée à informer la Commission de la mise en œuvre des mesures pour remédier à la situation d’ici au 19 novembre. Nous réévaluerons la situation et agirons en conséquence », a déclaré le commissaire européen au Budget Johannes Hahn lors d’une conférence de presse.

Mais les promesses du premier ministre Viktor Orban ont peu de chance de convaincre Bruxelles, tant les relations sont tendues, surtout de la part d’un dirigeant notoirement hostile à la politique commune, que ce soit sur l’immigration, les droits LGBT et, malgré le conflit en Ukraine, un soutien historique à la Russie. C’est désormais au Conseil, l’institution représentant les Etats membres, de se prononcer d’ici un mois. Ce délai sera sûrement étendu à deux mois supplémentaires.

La Hongrie ne serait plus une « démocratie »

En avril dernier, la Commission européenne avait déclenché contre la Hongrie une procédure jamais utilisée jusque-là, qui vise à suspendre les aides européennes. Les motifs sont nombreux : une corruption qui n’est pas contrôlée, une absence d’indépendance judiciaire et médiatique, et des attaques de plus en plus marquées contre les minorités. Récemment, l’Etat hongrois cherche à restreindre encore davantage d’accès à l’interruption de grossesse.  Depuis lundi dernier, la Hongrie a ajouté un amendement selon lequel les femmes enceintes souhaitant avorter devront désormais au préalable être confrontées « d’une manière clairement identifiable » par leur obstétricien aux « fonctions vitales » du fœtus.  Depuis l’entrée en vigueur début 2012 d’une nouvelle Constitution, la Hongrie défend « la vie du fœtus dès sa conception ». Récemment, le gouvernement a financé une campagne contre l’avortement avec des fonds européens, ce qui avait provoqué la colère de la Commission européenne.

Jeudi dernier, le Parlement européen a adopté un rapport qui considère que la Hongrie n’est plus une « démocratie ». Dans ce rapport, le Parlement européen « regrette profondément que l’absence d’action décisive de la part de l’Union ait contribué au délitement de la démocratie, de l’État de droit et des droits fondamentaux en Hongrie », qualifiant le pays, dans une formule alambiquée, de « régime hybride d’autocratie électorale ». « Si la Hongrie était candidate aujourd’hui pour rentrer dans l’UE, ce ne serait pas possible, elle ne remplirait plus les critères d’adhésion, c’est le triste constat du rapport », a commenté l’élue Fabienne Keller (Renew Europe). « Les choses ont dramatiquement évolué » en Hongrie ces dernières années, a souligné Gwendoline Delbos-Corfield lors du débat dans l’hémicycle mercredi, relevant notamment que « l’indépendance de la justice est aussi peu probable en Hongrie qu’en Pologne ». Budapest a aussitôt dénoncé ce vote, « une insulte » envers les Hongrois, selon le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto. « Je considère comme insultant envers les Hongrois que l’on questionne la capacité de la Hongrie à la démocratie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Budapest, s’étonnant que « certains » à Strasbourg et Bruxelles « rabaissent » son pays.


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