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L’Europe se dote d’une Communauté politique européenne

mardi, 11 octobre, 2022 - 10:49

C'est une réussite politique pour Emmanuel Macron, dont c'est l'idée. Enthousiasme pour certains, méfiance pour d'autres, comme dans les Balkans, cette nouvelle structure pourrait complémenter et élargir les discussions au sein de l'Union européenne et au-delà.

Un nouveau « machin » européen? Le jeudi 6 octobre, les vingt-sept Etats de l’Union européenne (UE) et 17 autres pays de l’Europe géographique se sont réunis à Prague avec l’espoir de rassembler « 44 pays contre la crise », selon le Süddeutsche Zeitung. Ce projet, François Mitterrand l’avait souhaité lors des « Assises de la confédération européenne » en 1991 pour intégrer les pays fraîchement libérés du joug soviétique. Emmanuel Macron y est parvenu, l’idée ayant été présentée lors de la présidence française de l’Union européenne. Le but affiché est de parler d’énergie, du climat et de la guerre en Ukraine. L’organisation pourrait se réunir une ou deux fois par an. « Nous partageons le même continent et nous faisons face aux mêmes défis. Et nous avons l’occasion d’apporter des réponses pour améliorer la coopération et la coordination afin de parvenir à plus de stabilité, de sécurité, de paix », explique le président du Conseil européen, Charles Michel.

Cette nouvelle plateforme d’échange et de coopération a donc rassemblé 44 chefs d’Etat et de gouvernement, sauf la Russie et la Biélorussie, où « tous les pays participeront sur un pied d’égalité et au même niveau” selon un haut fonctionnaire de l’UE. Le format de la Communauté politique européenne n’est pas celui des sommets entre l’UE et les pays partenaires et ce format se rapprochera davantage d’un G44 entre Européens. Cette CPE est donc un rassemblement beaucoup plus large que l’Union européenne, puisque 17 pays sont invités en plus des 27 membres du bloc : le Royaume-Uni, la Turquie, les six pays des Balkans occidentaux, la Suisse, la Norvège, l’Islande, le Liechtenstein, l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. “La Communauté sera d’abord un cadre politique où tout le continent sera autour de la table pour discuter des questions-clés, y compris le Royaume-Uni qui n’est plus dans l’UE, la Turquie qui n’y sera sans doute jamais, la Géorgie ou les pays des Balkans qui vivent sur un volcan permanent”, a commenté Pierre Haski pour France inter.

Coopération et scepticisme

La photo des 44 chefs de gouvernement est une réussite certaine pour la diplomatie d’Emmanuel Macron. Dans une période de tension, l’Europe ne peut que bénéficier de consultations élargies et de manifestations d’unité.  Mais La Stampa prévient que « politiquement, c’est une sorte de champ de mines » où chacun défendra ses intérêts. “L’Ukraine ne se contentera pas de rejoindre un forum de discussion. La Grande-Bretagne du Brexit tentera de le dominer. La Turquie, et son autocratie rampante, va attirer l’attention. Et les Balkans occidentaux sont déjà fatigués des promesses d’adhésion à l’UE”, résume Politico. “L’objectif n’est pas clair”, s’interroge pour sa part El Mundo. “Cette Communauté politique a été conçue comme une offre à mi-chemin pour rapprocher des voisins que nous ne voulons pas vraiment trop proches”, estime le quotidien espagnol. “Kiev, Chisinau et Tbilissi redoutent que la CPE n’ait vocation à se substituer à l’élargissement”, rapporte Le Monde. “Le danger est que, avec tant d’intérêts en jeu, [Emmanuel] Macron promette tout à tout le monde, sans que personne ne soit satisfait”, craint pour sa part Politico.


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