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La semaine de travail de quatre jours en Europe

dimanche, 6 novembre, 2022 - 15:29

La crise du Covid-19  a profondément changé les attitudes des travailleurs et des entreprises. Réduire la durée du travail s'avèrerait plus productrice et permettrait de réduire le burn-out et les congés de maladie et plusieurs tests ont déjà débuté en Europe.

Un peu moins de trois ans après le début de la pandémie de Covid, avec les confinements et le télétravail, le débat sur la semaine de quatre jours a été relancé. Les études ont montré que les horaires de travail prolongés sont associés à diverses formes de maladies – à la fois physiques et mentales – et ont changé la donne auprès des travailleurs et aussi les entreprises. Elles ont aussi confirmé que ces horaires plus concentrés réduisent fortement les besoins en transport et en énergie des bâtiments, ce qui rend ces réformes conformes avec la lutte contre le changement climatique. L’idée est d’établir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de réduire le stress inhérent à de nombreuses professions.

En Islande, le succès du test est déjà manifeste, où 1% de la population est passé de 40 à 35 heures de travail hebdomadaire, quatre jours par semaine. Le burn-out et les congés maladie ont chuté et la productivité, dans certains cas, a augmenté. Au Portugal, le gouvernement vient de proposer aux employeurs et aux syndicats que le secteur privé teste le modèle pendant six mois, sans réduction de salaire, avec le soutien seulement technique, mais pas financier, de l’Etat.

Le Royaume-Uni mène la plus grande expérience au monde sur cette question, basée sur le modèle 100:80:100 – 100% salaire, 80% temps, 100% productivité. L’expérience a débuté en juin, dure six mois et concerne 3300 salariés. L’initiative est menée conjointement avec la plateforme mondiale « 4 Day Week », qui a mené des études sur le sujet. Les conclusions qu’elle présente ne se concentrent pas uniquement sur le bien-être du travailleur : 46% des entreprises affirment avoir maintenu les niveaux de productivité et 49% garantissent que ceux-ci se sont améliorés.

Une idée d’avenir

Selon Eurostat, seuls cinq pays de l’Union européenne ne dépassent pas les 40 heures par semaine : la Lituanie, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas et la France. Fin 2021, le télétravail concernait 18% des employés en France, mais une étude de l’Université de Chicago montre que ce chiffre pouvait doubler. Deux emplois sur cinq pourraient potentiellement être exercés à domicile : en d’autres termes, il est possible que le monde compte plus d’un milliard de travailleurs à domicile.

Cette année, la Belgique a introduit la semaine de quatre jours pour les salariés qui le souhaitent. Le premier ministre belge, Alexander de Croo, espère que cet accord contribuera à assouplir le marché du travail belge, notoirement rigide, et permettra aux gens de combiner plus facilement leur vie familiale et leur carrière. En Écosse, un essai devrait débuter en 2023, tandis que le Pays de Galles l’envisage également. Cette décision est l’aboutissement d’une promesse de campagne faite par le parti national écossais (SNP) au pouvoir. Les travailleurs verront leurs heures réduites de 20 %, mais ne subiront aucune perte de rémunération. Le SNP soutiendra les entreprises participantes à hauteur d’environ 10 millions de livres (11,8 millions d’euros). En Suède, une semaine de travail de quatre jours avec un salaire complet a été testée en 2015 avec des résultats mitigés. La proposition était d’essayer des journées de travail de six heures au lieu de huit sans perte de salaire, mais l’idée de dépenser de l’argent pour cet essai n’a pas plu à tout le monde.

Toutefois, il faut noter que le télétravail a des conséquences en termes de cybercriminatité. « Nous avons constaté une augmentation de 630% des cyberattaques en France en 2020 sur les clouds publics et sur les clouds d’entreprise, ce qui montre que les pirates profitent de la nouvelle situation » selon François Esnol-Feugeas, expert en cybersécurité, membre d’ACN (Alliance pour la Confiance Numérique).

Pour la gérer, l’Union européenne pourrait avoir un rôle à jouer notamment afin d’harmoniser l’accès à Internet dans l’Union ou pour réduire les inégalités entre les professions qui ont accès au travail à distance et celles qui n’y ont pas accès. Mais ce rôle sera forcément limité.


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