Selon les données de l'OMS, les températures extrêmes sont responsables de 148.000 décès en Europe depuis 50 ans. Avec sûrement plus de 15.000 décès en une seule année, 2022 représenterait à elle seule plus de 10% de ce total.
Dans la conscience collective, la canicule de 2003 reste la référence. Entre le 1er et le 20 août de cette année, 14.000 personnes, souvent des personnes âgées, avaient perdu la vie. Pourtant l’été 2022 a été le deuxième plus chaud après celui de 2003 et les statistiques commencent à tomber. L’estimation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de révéler qu’au moins 15.000 décès sont attribués aux trois vagues de chaleur qui se sont succédées. L’Insee note que le premier pic de décès, le 18 juin, coïncide avec la première canicule de l’été qui a duré du 15 au 22 juin. Le deuxième pic de décès, observé le 19 juillet, coïncide avec l’épisode caniculaire du 12 au 25 juillet, marqué par « des pics de recours aux soins d’urgence du 15 au 18 juillet ». Enfin, deux autres pics de décès, les 4 et 13 août, coïncident avec la troisième canicule de l’été qui « a débuté le 31 juillet pour se terminer vers la mi-août ».
Mais les analyses doivent se poursuivre pour voir si les vagues de chaleur sont effectivement la cause des décès. « Le médecin n’indique presque jamais qu’une personne est morte de chaud, surtout s’il s’agit d’une personne âgée », explique explique Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « Quand une personne âgée avec plusieurs pathologies décède, lors d’un épisode de chaleur par exemple, on ne sait pas si c’est la chaleur ou une de ses pathologies qui est responsable », poursuit-il.
Un bilan européen provisoire
Pour l’instant, les statistiques européennes font état d’au moins 15.000 morts. Ce bilan, qui inclut 4 500 morts en Allemagne, près de 4 000 en Espagne, plus de 3 200 au Royaume-Uni et un millier au Portugal, « devrait augmenter, plusieurs pays ayant rapporté des surmortalités liées à la chaleur », précise le directeur de la branche européenne de l’OMS, Hans Kluge, dans un communiqué. La semaine dernière, l’ONU a publié un rapport selon lequel le continent européen est celui qui se réchauffe le plus rapidement, enregistrant une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire au cours des trente dernières années.
Les températures en Europe ont ainsi subi une élévation considérable au cours de la période 1991-2021, avec un réchauffement d’environ +0,5 °C par décennie, révèle un rapport élaboré par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies et le service européen sur le changement climatique Copernicus. « Il s’agit du réchauffement le plus rapide des six régions définies par l’OMM », a souligné le secrétaire général de l’OMM, le Finlandais Petteri Taalas, dans l’avant-propos de ce rapport sur le climat en Europe. Une porte-parole de l’OMM, Clare Nullis, a précisé que l’Arctique, qui dans son ensemble se réchauffe plus rapidement que l’Europe, n’est en effet pas considérée comme une région à part entière par l’organisation.