La 27ème conférence qui a lieu en Egypte n'est pas terminée, mais de nombreux experts, militants et médias jugent que les promesses ne suffiront pas pour renverser la tendance vers le chaos climatique.
C’est le temps des « éco-terroristes », des militants qui interviennent dans des musées, bloquent les rues, manifestent contre les bassines de retenue d’eau, des initiatives de désobéissance civile qui n’ont rien de nouveau à part qu’elles sont le fait d’une nouvelle génération qui ne croit plus aux promesses des chefs d’Etat. Un symbole : Greta Thunberg a refusé de se rendre à Charm el-Cheick, considérant que la COP27 est financée par les lobbies pollueurs. Et des chercheurs décident de prendre publiquement position pour rappeler que la publication de rapports alarmistes ne suffit plus pour motiver les décideurs politiques et industriels.
Un rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) indique que, “si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées”, avec une température moyenne “estimée de 1,15 °C supérieure à celle de l’ère préindustrielle”. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) “tire la sonnette d’alarme sur les dégâts causés par la crise climatique” : “entre 2030 et 2050, le changement climatique provoquera environ 250.000 décès supplémentaires par an dus à la malnutrition, à des maladies telles que le paludisme et la diarrhée et au stress thermique ».
Conflit entre le nord et le sud
La guerre en Ukraine a déstabilisé les promesses faites par les chefs d’Etat : la crise énergétique s’ajoute à la crise économique et sociale, les rapports entre pays ont changé et l’argent se fait plus rare pour lutter contre le climat. Les centrales à charbon, le gaz de schiste, la pollution marine provoquée par des géants du pétrole qui ne veulent pas participer à l’effort mondial, la Chine absente de la COP27 alors que c’est le pays qui pollue le plus, avec les Etats-Unis, tout ceci donne un air de déjà-vu qui ravive la colère entre les pays du sud (peu pollueurs) et les pays du nord (peu généreux). “La crise du réchauffement climatique est ressentie le plus durement par les pays qui en sont le moins responsables”, explique The Guardian. Les pays les plus vulnérables, qui sont souvent les plus pauvres, réclament depuis longtemps que la question du financement des pertes et dommages soit abordée lors des COP. “Les pertes et dommages désignent les coûts économiques et non économiques irréversibles des phénomènes météorologiques extrêmes”, analyse le média britannique.
En 2009, lors de la COP15 de Copenhague, les pays développés se sont par ailleurs engagés à verser 100 milliards de dollars par an pour réduire les émissions, fournir une assistance technologique et aider à l’adaptation aux conditions météorologiques extrêmes. Une promesse qui “n’est toujours pas tenue” et qui entraine une forte “défiance des pays en développement”, écrit Le Monde. Selon le média en ligne Politico, le président américain Joe Biden est ouvert “à l’idée que les pays riches payent des réparations aux pays émergents qui subissent les ravages du changement climatique — seulement si la Chine paye aussi”. Le sujet a été donc inscrit à l’ordre du jour de la COP27, “mais il faudra peut-être encore des années avant qu’une décision soit prise ou que de nouveaux fonds soient débloqués dans ce cadre”, craint Die Welt.
Car le concept même de la « réparation » des pertes et dommages ressemble trop au discours actuel sur les « réparations » que devraient payer les pays européens envers leurs anciennes colonies. L’Europe s’est effectivement enrichie sur les ressources provenant des autres continents. Face au « suicide collectif » qu’annonce le secrétaire général des Nations unies Antonio Gutteres, la COP27 annonce un échec gravissime pour le futur de la planète.
