C'est une première historique, qui révèle les tendances de fond depuis le Brexit, et qui s'est considérablement aggravée avec le court mandat de Liz Truss en tant que Première ministre du Royaume-Uni.
C’est officiel ; la Bourse de Paris a fini la journée du 14 novembre avec une capitalisation plus importante que celle de Londres. La Bourse de Paris est devenue la plus grande au niveau européen, avec 2 823 milliards d’actifs, contre 2 821 milliards à Londres. Cette situation est alimentée par les différents résultats des grands groupes des deux pays : le FTSE 100, qui représente les 100 entreprises britanniques les mieux capitalisées, a gagné 0,06 % en cinq ans, contre près de 25 % du côté du CAC 40.
Les entreprises du luxe françaises ont fortement alimenté l’ascension tricolore, LVMH étant devenue la plus grande société cotée en Europe en 2021. La livre sterling est aussi en difficulté, la monnaie ayant perdu en valeur face à l’euro et au dollar. Les Echos notent une baisse significative de 16 % de la valeur du pound face à l’euro entre 2016 et 2022. Un résultat encourageant, alors que la France serait la seule grande économie européenne en croissance cette année selon le FMI.
L’échec du Brexit
La lente descente de la City a commencé avec le Brexit, alors que celui-ci devait, en principe, dynamiser la place boursière sur le modèle des concurrentes asiatiques. En juin 2014, la Bourse de Londres pesait encore plus de 4000 milliards de dollars, contre 2234 pour Paris. Le Brexit et la crise sanitaire semblent avoir été décisifs dans cette perte d’influence britannique. La place londonienne est délaissée par les grandes sociétés, qui ont choisi d’autres villes en Europe comme Amsterdam, Frankfort et Paris. Depuis début 2016, la devise britannique s’est dépréciée de 16 % par rapport à la monnaie européenne, favorisant mécaniquement la place de Paris.
Et la situation devrait continuer avec les les hausses d’impôt et les coupes dans les dépenses publiques qui seront annoncées le 17 novembre, ce qui rassurera peut-être les marchés, mais qui plongera le pays dans une récession qui rappellera l’ambiance des années 70, quand le FMI avait aidé le Royaume-Uni. Les Brexiters, au pouvoir aujourd’hui, n’ont toujours pas fait l’analyse politique de l’échec du Brexit.