Chaque Européen produit 180 kg de déchets d'emballage par an, et si rien n'est fait, l'Union européenne pourrait voir une augmentation de 19% de ces déchets d'ici à 2030.
Les pressions se font de plus en plus fortes sur les grands producteurs d’emballages comme Danone, pour les yaourts. C’est pourquoi la Commission européenne a proposé de réviser la législation pour réduire les déchets d’emballage, notamment en dopant le recyclage et imposer des taux de réutilisation pour les contenants dans l’alimentation à emporter qui permettrait, selon elle, une réduction de 10 % par pays et par habitant d’ici 2035, par rapport à 2018, du volume de déchets d’emballage dans chaque pays (de 15 % d’ici 2040). Actuellement, chaque Européen génère 180 kg de déchets d’emballages par an, et quelque 40 % des matières plastiques et 50 % du papier consommés dans l’UE sont destinés à l’emballage. En l’absence d’action, l’UE connaîtrait une augmentation supplémentaire de 19 % des déchets d’emballages d’ici à 2030, et même de 46 % pour ceux en plastique.
Des « objectifs contraignants » sont envisagés pour les entreprises et particulièrement la restauration : d’ici à 2030, 20 % des boissons chaudes et froides à emporter devraient « être vendues dans un récipient faisant partie d’un système de consigne, ou les consommateurs devront pouvoir re-remplir leurs propres récipients » – taux relevé à 80 % d’ici 2040. Les plats à emporter et le commerce électroniques sont aussi concernés. Il faudra développer un service de consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes en aluminium. Et surtout interdire les contenants « manifestement inutiles comme les emballages à usage unique pour aliments et boissons lorsqu’ils sont consommés dans les restaurants et cafés, emballages secondaires des canettes, emballages uniques de fruits et légumes, bouteilles miniatures de shampoing dans les hôtels… L’application des mesures proposées permettrait de réduire la consommation en eau, et de sabrer les besoins en combustibles fossiles de l’UE de 3,1 millions de tonnes par an (un quart du volume actuellement nécessaire pour la production d’emballages plastiques).
Le recyclage du plastique en panne
Les ONG qui travaillent sur le sujet se félicitent d’un « virage essentiel », mais sont bien obligées de constater que les ambitions initiales de la Commission ont été vues à la baisse. Par exemple, le polystyrène expansé (très utilisée dans le transport) n’est toujours pas interdit. « La Commission a préféré abaisser ses cibles et espère que les États membres trouveront eux-mêmes les moyens d’y parvenir ! Ce n’est pas une façon de réaliser la transition », a cinglé Jessica Polfjard, en charge du dossier au PPE (droite), réclamant un cadre réglementaire « robuste ».
Surtout, c’est l’économie du recyclage qui semble régresser. Les taux de recyclage du plastique sont en déclin aux Etats-Unis alors que la production est en hausse, selon un rapport récent de Greenpeace. L’ONG qualifie de « fiction » l’existence d’une économie circulaire du plastique vantée par l’industrie. « Les groupes industriels et les grandes entreprises ont poussé pour présenter le recyclage comme une solution », explique Lisa Ramsden, de Greenpeace USA. « En faisant cela, ils ont esquivé toute responsabilité », ajoute-t-elle, citant des entreprises comme Coca-Cola, PepsiCo, Unilever et Nestlé.