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Les produits issus de la déforestation seront interdits en Europe

mardi, 6 décembre, 2022 - 14:15

A l’origine de 16 % de la déforestation mondiale par le biais de ses importations, l’UE est la deuxième destructrice de forêts tropicales derrière la Chine.

Il ne sera plus possible d’importer de nombreux produits issus de la déforestation si ces produits sont issus des terres déboisées depuis 2020. Le Parlement européen et les Etats membres ont trouvé un accord pour restreindre de nombreux produits comme le cacao, le café, le soja, mais aussi l’huile de palme, le bois, la viande bovine, le caoutchouc et plusieurs matières associées comme le cuir, l’ameublement, le papier et charbon de bois. Les entreprises importatrices seront responsables de leur chaîne d’approvisionnement et devront prouver leur traçabilité via des données de géolocalisation des cultures, qui pourront être associées à des photos satellitaires.

Grande importatrice de ces ressources, l’Europe ne pouvait plus contribuer indirectement à la déforestation si elle veut atteindre ses objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Selon l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), environ 420 millions d’hectares de forêts – soit une superficie plus vaste que l’UE – ont été déboisés entre 1990 et 2020. Et les Européens contribuent de manière significative à ce phénomène. Un texte avait déjà été proposé en novembre 2021 par la Commission européenne, et repris dans ses grandes lignes par les Etats membres, mais les eurodéputés avaient voté en septembre pour le renforcer significativement, en élargissant la gamme de produits concernés – en particulier au caoutchouc, absent de la proposition initiale. « Il s’agit de l’initiative politique la plus ambitieuse au monde pour faire face au problème de la déforestation importée, a souligné le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius. En tant qu’Européens, nous montrons que nous prenons nos responsabilités. »

Une protection en deux étapes

Ces mesures importantes seront évaluées afin de les prolonger. Après deux ans, la Commission est tenue d’étudier une possible extension du champ d’application à d’autres produits (comme le maïs, que les eurodéputés voulaient cibler dès à présent), à d’autres écosystèmes riches en stockage de carbone et en biodiversité (tourbières…), mais aussi au secteur financier – une autre demande forte des eurodéputés. De même, le Parlement européen a aussi réclamé d’étendre le champ du texte à d’autres écosystèmes boisés menacés, comme la savane du Cerrado (Brésil, Paraguay et Bolivie), dont provient une partie des importations européennes de soja. L’accord trouvé entre négociateurs du Parlement et des Etats, à l’issue de longues tractations, stipule finalement que cette extension « à d’autres terres boisées » devra être évaluée au plus tard un an après l’entrée en vigueur du texte.

« Nous avons déjà obtenu une définition beaucoup plus robuste de ce qu’est la dégradation des forêts pour couvrir de larges zones (…) et des garanties pour protéger les droits des peuples autochtones, nos meilleurs alliés contre la déforestation », a observé Christophe Hansen (PPE, droite), négociateur pour le Parlement. Ainsi, les importateurs devront « vérifier la conformité avec la législation du pays de production, en matière de droits de l’homme, et s’assurer que les droits des populations autochtones concernées ont été respectés ».


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