Les gouvernements préparent l'opinion publique à des coupures d'électricité alors que la première vague de froid est annoncée pour ce weekend. Mais seules la France et l'Irlande sont pour l'instant concernées.
En France, l’opinion publique a été largement informée, ces dernières semaines, sur les risques d’une rupture du réseau. Cette communication anxiogène a suscité un grand intérêt pour l’application Ecowatt (qui vient d’atteindre un million de téléchargements) et surtout, la consommation d’électricité est à la baisse, ayant reculé de 8,3% sur une semaine par rapport à la moyenne des années pré-Covid (2014 – 2019). «Sur les quatre dernières semaines, la consommation d’électricité en France à température normale affiche une diminution structurelle (6,6 %) par rapport au minimum des années précédentes (2014-2019) sur la même période», confirme RTE, gestionnaire français du réseau de transport d’électricité.
Les centrales nucléaires françaises étant handicapées par des arrêts de maintenance et de réparation, la production d’électricité nationale est si faible que le pays se trouve dans l’obligation d’importer près de 15 terawattheure, notamment auprès de l’Allemagne, mais aussi, désormais, d’Espagne et de Grande-Bretagne. Cette situation est unique depuis des décennies, la France étant habituée à exporter son surplus de production.
Dans un rapport publié ce 1er décembre, évaluant la sécurité de l’approvisionnement en électricité pour l’hiver à venir, le Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité (Entsoe) indique que «les principales tensions sur les systèmes sont identifiées en Irlande, en France, dans le sud de la Suède, en Finlande, à Malte et à Chypre». La France pourrait cumuler plus de 20 heures de pannes d’électricité.
Irlande, Suède, Finlande, etc.
L’Irlande est donc le deuxième pays le plus à risque car la production d’électricité pourrait passer en état d’alerte lors des périodes de vent faible et d’une production insuffisante pour répondre à la demande. Les Irlandais pourraient être privés d’électricité durant quatre heures au total cet hiver, même si l’entreprise se veut prudente et indique que cela «ne signifie pas nécessairement que les consommateurs seront privés d’approvisionnement pendant une période quelconque». Elle écarte également le scénario d’une panne généralisé, estimant qu’il n’y a «aucun risque» de perte totale de contrôle du système électrique «quelles que soient les circonstances cet hiver».
Dans une moindre mesure, les prévisions du Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité pointent des risques en Suède et Finlande. La Suède fait face à la fin des importations de gaz russe et l’arrêt opérationnel de sa centrale nucléaire Ringhals 4 réduit son approvisionnement en électricité. Des zones spécifiques pourraient être concernés par des coupures.
La Finlande, coincée entre la Russie et la Suède, se trouve dans une situation délicate. Dans un communiqué publié ce 1er décembre, l’agence de l’énergie finlandaise «estime qu’une pénurie d’électricité à court terme est possible à l’hiver 2022-2023, mais considère que la probabilité d’une pénurie prolongée d’électricité est faible». Ici aussi, le retard de la mise en service de l’EPR Olkiluoto 3, illustre les difficultés du parc nucléaire européen. Les autorités encouragent la population à éviter toute consommation inutile, en particulier pendant les horaires de pointe.
Enfin, le Royaume-Uni envisage «un scénario du pire», dans lequel le pays ne pourrait pas importer suffisamment de gaz et de l’électricité. Dans ce cas alors, des coupures d’électricité pourraient avoir lieu «probablement entre 16 et 19 heures le soir, les jours de semaine où il fait vraiment, vraiment froid en janvier et février», avait fait savoir John Pettigrew, le patron du National Grid, mi-octobre, lors d’une conférence organisée par le Financial Times.
