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Une affaire de corruption secoue le Parlement européen

lundi, 12 décembre, 2022 - 12:31

Dans la foulée du Mondial au Qatar, plusieurs personnes ont été inculpées, au plus haut niveau des institutions européennes, pour "appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption". Une affaire qui illustre l'influence du Qatar et ternit l'image de l'Europe.

Un weekend catastrophique pour l’Europe. Alors que Bruxelles se vante de chercher à réduire la corruption chez ses Etats membres, la vice-présidente grecque du Parlement européen, Eva Kaili, et trois autres personnes ont été inculpées et écrouées ce dimanche en Belgique dans une enquête sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar. Dans cette affaire « est suspecté le versement d’importantes sommes d’argent ou l’offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d’influencer les décisions » de cette institution, souligne le communiqué du parquet. En effet, une perquisition, menée vendredi soir, chez Mme Kaili, a montré que celle-ci était en possession de sacs de billets. Cette dernière n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car cette infraction a été constatée en flagrant délit.

Eva Kaili faisait partie de la délégation visant à développer les relations de l’Union Européenne avec la péninsule arabe. Dans ce cadre, elle s’était rendue au Qatar début novembre, peu avant le début du Mondial de football. Et avait déclaré alors : « Le Quatar est un leader en matière de droits du travail », cherchant à réfuter les informations sur les nombreux travailleurs étrangers décédés lors des chantiers de construction du Mondial, ou les retard de salaires de ces travailleurs. Depuis, Eva Kaili s’est également vu retirer toutes les tâches déléguées par la présidente du Parlement Roberta Metsola dont celle de la représenter au Moyen-Orient.

Le Qatar réfute toute accusation

Le soft power du Qatar est actuellement à son maximum. La chaine d’info Euronews, par exemple, est nourrie de nombreux publireportages sur le pays. Mais l’Europe ne peut se dérober derrière les justifications de l’hôte du Mondial. « Il est évident que c’est extrêmement dommageable pour l’Union européenne si des membres du Parlement européen ou d’autres politiciens peuvent être achetés pour dire certaines choses ou pour voter d’une certaine manière. C’est une honte et cela affaiblit l’Europe. Il est donc dans l’intérêt de tous que nous allions au fond des choses et que nous adoptions des règles garantissant que cela ne puisse plus se reproduire. C’est une très mauvaise chose et nous avons un gros travail de réparation à faire » a déclaré l’eurodéputé Niels Fuglsang. Même son de cloche de la part de Tamàs Lattmann, expert hongrois en droit international et européen : « Je crois vraiment qu’il serait très important que l’UE réfléchisse sérieusement à ces questions et se prépare à des situations de ce genre à l’avenir, dit-il. En proposant une sorte de législation propre pour gérer ce type de situations et pour rendre la coopération possible avec les autorités des États membres. Il faut garantir cette coopération et la rendre beaucoup plus transparente. »

Depuis, l’autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent a gelé tous les avoirs d’Eval Kaili. Pour la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, « ces allégations sont extrêmement préoccupantes. C’est une question de confiance dans les personnes au cœur de nos institutions. Cette confiance suppose des standards élevés d’indépendance et d’intégrité ». Et pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, « Il s’agit vraiment d’un incident incroyable qui doit maintenant être élucidé sans équivoque et avec toute la rigueur de la loi, car il en va aussi et surtout de la crédibilité de l’Europe ».


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