190 Etats se sont réunis afin d'enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources. L'accord de "Kunming - Montréal" est qualifié d'historique, mais les ONG en critiquent les zones d'ombre et des échéances trop lointaines face à l'urgence actuelle.
Les COP se suivent et peinent à convaincre. Malgré quatre années de négociations difficiles et dix jours de marathon diplomatique, 190 pays sont parvenus à s’accorder pour la protection des terres, des océans et les peuples autochtones. La Chine a été décisive dans cet accord, malgré une opposition de la République démocratique du Congo. La principale nouvelle, c’est que ces pays se sont mis d’accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d’ici 2030 et à débloquer 30 milliards de dollars d’aide annuelle à la conservation pour les pays en développement. Et contrairement aux COP précédentes, le texte final donne des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre, propose de restaurer 30% des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.
Mais le sujet des réparations envers les pays les moins développés reste en suspens. Ces pays réclament aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Soit au moins 10 fois l’aide internationale actuelle pour la biodiversité. Les pays du Sud poussent aussi fortement à la création d’un fonds mondial dédié à la biodiversité – une question de principe – à l’image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques. D’autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n’a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l’absence de mécanismes d’application véritables. Ce texte est « un pas en avant significatif dans la lutte pour la protection de la vie sur Terre, mais cela ne suffira pas », a noté Bert Wander de l’ONG Avaaz.
Comme toujours : peut mieux faire
Greenpeace se félicite de la «reconnaissance explicite des droits, des rôles, des territoires et des connaissances des peuples autochtones qui constitue la protection «la plus efficace de la biodiversité». «Les peuples indigènes sont les gardiens de la nature les plus compétents et les mieux informés», rappelle l’ONG qui considère le «financement direct des peuples autochtones» comme une prochaine étape essentielle. Pour Pierre Cannet, directeur du plaidoyer du WWF France, «cet accord mondial ne casse pas la baraque mais vient au moins sauver les meubles» Pour la première fois, salue-t-il, des «problèmes sont pointés du doigt – comme les pollutions des pesticides – et des solutions comme l’agroécologie sont avancées».
Ursula von der Leyen «salue» le résultat «historique» de la COP15. Cet accord, selon la présidente de la Commission européenne, «constitue une bonne base pour une action mondiale sur la biodiversité», en complément de l’accord de Paris sur le climat. Pourtant, après l’accord historique de la COP15 sur la biodiversité et l’engagement des Etats de diminuer le risque lié aux pesticides de 50% d’ici à 2030, les 27 Etats membres de l’Union européenne ont demandé dans la foulée une nouvelle étude d’impact des pesticides à la Commission européenne. La raison : l’ancienne étude d’impact ne prenait pas en compte la guerre en Ukraine et les problèmes de souveraineté alimentaire. Les 27 ont donné 6 mois à la Commission européenne pour compléter cette étude. Un scénario qui pose question alors qu’il ne reste plus que 6 ans pour inverser la courbe d’utilisation des pesticides. L’Europe joue donc la montre pour retarder la réduction des pesticides dont les coûts cachés sont évalués entre 370 millions et plusieurs milliards de dollars par an – pour la France uniquement.