Les grèves à la SNCF ont compliqué la vie des Français pour ce weekend de Noël. Mais la France n'est pas le seul pays touché par les revendications salariales, elles ont lieu un peu partout en Europe.
Grande panique la semaine dernière à l’annonce des grèves des conducteurs de trains en France pour le weekend très chargé de Noël. Plus de 60% des TGV et des trains Intercités ont été annulés. « Les près de 10.000 conducteurs de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et les Intercités, œuvrent au maintien du trafic et à la sécurité des voyageurs. Les trains ne peuvent pas circuler sans eux », écrit Euronews. Ce type de mouvement social pendant la trêve de Noël est rare, mais l’inflation et et les projets de réforme de la retraite ont décidé la base à des actions plus dures. Air France a aussi rejoint le mouvement en déposant un préavis de grève pour la période du 22 décembre au 2 janvier. Des négociations salariales sont également en cours et ont permis d’éloigner le risque d’une autre grève de trains pour le Nouvel An.
Du jamais vu depuis 30 ans
En Grande-Bretagne, le mouvement de contestation est général. Avec une inflation record et une récession qui s’installe, c’est l’ensemble des travailleurs du secteur public qui manifestent pour des augmentations de salaire. Les cheminots britanniques ont donné le coup d’envoi d’un mois de grèves portant sur les salaires et les conditions de travail, qui ont déjà provoqué d’importantes perturbations, aggravées par les fortes chutes de neige. Le plus grand syndicat ferroviaire du Royaume-Uni, RMT, a annoncé des actions syndicales impliquant environ 40.000 membres à partir de cette semaine et jusqu’au 8 janvier pour Network Rail et les 14 sociétés d’exploitation de trains relevant du ministère britannique des transports, dont le Gatwick Express. Les bagagistes travaillant dans les compagnies aériennes à l’aéroport d’Heathrow à Londres menacent d’arrêter le travail pour le 29 décembre. Le personnel d’Eurostar a entraîné l’annulation de tous les TGV reliant l’Europe à Londres. Enfin, les infirmières, les ambulanciers et le personnel médical sont le moteur principal de la contestation populaire. Il s’agit d’une mobilisation historique (la première en 106 ans).
En Belgique aussi, une grève des chemins de fer a entraîné l’annulation de trois quarts des trains dans le pays la semaine dernière. Au Portugal, le personnel de cabine de TAP Air Portugal a provoqué l’annulation de 360 vols les 8 et 9 décembre, et d’autres ont été maintenues pour la période de Noël. En Espagne, le principal syndicat espagnol, CCOO, a annoncé cette semaine que 10.000 travailleurs de l’opérateur aéroportuaire Aena prévoyaient de faire la grève aux alentours de Noël et du Nouvel An. Les aéroports concernés sont Madrid, Bilbao, Ibiza, Séville et les îles Canaries. Les dates de perturbation proposées sont les 30 et 31 décembre, et les 6 et 8 janvier. Le syndicat a également prévenu que si le conflit n’était pas résolu, il poursuivrait ses actions syndicales jusqu’au premier trimestre de 2023, y compris à Pâques.
Ces mouvements sociaux touchent aussi la Grèce, la Bulgarie, les Pays-Bas, et l’Allemagne. Selon de nombreux économistes, le plus dur pour l’Europe reste à venir. LE FMI (Fonds monétaire international) table sur 0,5 % de croissance en 2023, avec un risque sérieux de récession pour l’Allemagne et l’Italie, les deux grandes puissances industrielles. « On voit qu’il y a un mouvement social qui se développe partout en Europe, un peu moins dans les pays scandinaves. Moi qui suis les mouvements sociaux liés aux questions européennes depuis 30 ans, c’est quelque chose qui est du jamais vu », résume Philippe Pochet, directeur général de l’institut syndical européen.