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En Europe, une vague de chaleur hivernale sans précédent

jeudi, 5 janvier, 2023 - 14:47

Si les températures anormalement élevées permettent des économies de chauffage et donc une baisse de l'inflation et moins de risque de coupures d'électricité, le "faux printemps" aura des conséquences sur la nature et la production agricole. Mais le mois de février devrait voir le retour du gel.

Les stations de ski sans neige, et des records de chaleur un peu partout en Europe : Allemagne, Luxembourg, France, Pologne, Danemark, Lituanie, Liechtenstein, République tchèque. Depuis le mois de décembre, l’hiver semble avoir déserté le continent, une preuve supplémentaire du changement climatique. « C’est le début des non-hivers. Si on continue sur cette pente, on risque de ne pas avoir d’hiver sur l’année 2022-2023 », prévient Davide Faranda, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

Noël et le Nouvel an ont vu des températures élevées, avec un 31 décembre présentant « le plus fort excédent thermique de l’année », avec +8,4°C par rapport à la normale selon Météo France. Il a ainsi fait 18,6°C à Strasbourg (Bas-Rhin) pour la Saint-Sylvestre et à Besançon (Doubs) pour le premier jour de 2023. Dans le Sud-Ouest, le thermomètre a dépassé la barre des 20°C dans les Landes le 1er janvier, avec 24°C à Dax et 23°C à Biscarrosse. Des records de température minimale quotidienne (c’est-à-dire la barre en dessous de laquelle la température n’est pas descendue dans la journée) ont été également effacés, à Paris (14,3°C le 31) ou Lyon (14,5°C le 31).

En Europe, un nouveau record mensuel a été établi à Prague (République tchèque), avec 17,7°C le 31 décembre, tout comme à Berlin (17,9°C, presque 2°C au-dessus du précédent record de 1977) ou au Luxembourg (15,7°C). En Allemagne, certaines stations ont même battu des records à la fois en décembre et en janvier : Berlin-Tempelhof, Dresde et Stuttgart.

Un danger pour les cultures et la biodiversité

Au-delà de ces températures qui rassurent les foyers face à la peur d’un hiver marqué par la hausse du prix de l’électricité, cette vague de chaleur hivernale ne présage rien de bon. L’absence de neige sur les massifs aura des conséquences sur les fleuves et les nappes phréatiques qui ont déjà souffert durant la sécheresse de l’été dernier. « Ces douceurs qui durent déjà depuis trois semaines ont des conséquences équivalentes aux canicules de l’été sur les écosystèmes et l’agriculture » assure Serge Zaka, agroclimatologue au sein de l’entreprise ITK et administrateur de l’association Infoclimat. « Ces végétaux seront beaucoup plus développés et prédisposés, s’il y a du gel en avril, à subir des dégâts ». En 2021, une telle configuration avait provoqué 4 milliards d’euros de perte dans les vergers et les vignobles.

Mais ce « faux hiver » aura des conséquences sur la biodiversité. Sans gel, les insectes nuisibles comme les frelons asiatiques, le chenilles processionnaires et les moustiques tigres seront plus répandus et progresseront vers le nord. « Le gel aura un impact sur les insectes sortis trop tôt et sur les arbres, qui vont perdre des fleurs et des feuilles alors qu’ils sont déjà fragilisés par la sécheresse. Il y a une souffrance en silence des écosystèmes », poursuit Serge Zaka. Le mois de février devrait voir un retour du gel, mais sera-t-il assez efficace pour protéger le printemps?


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