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L’europe toujours frappée par la grippe aviaire

dimanche, 8 janvier, 2023 - 11:25

L'épizootie de grippe aviaire est la "plus dévastatrice" qu'ait connue l'Europe de toute son histoire et seule une vaccination pourrait enrayer la crise - mais pas avant l'automne de cette année. L'hypothèse d'une transmission de la maladie à l'homme n'est plus écartée.

Sur le continent, ce sont plus de 50 millions d’oiseaux abattus dans les élevages infectés entre 2021 et 2022. En France, 3,3 millions de volailles ont été détruites du 1er août au 21 décembre, dont une moitié de canards. Au total, 226 foyers ont été répertoriés dans les élevages depuis le 1er août. L’épidémie continue notamment de ravager ceux situés en Vendée (94 foyers), dans le Maine-et-Loire (38 foyers) et les Deux-Sèvres (33 foyers). La précédente vague en France, survenue entre fin novembre 2021 et mi-mai 2022, avait entraîné l’euthanasie de plus de 20 millions de volailles.

L’Accélération de la propagation du virus est dure à la baisse des températures, mais aussi à la forte activité migratoire des oiseaux sauvages. Dans certaine agglomérations, on a vu des oiseaux tomber du ciel. Récemment des mouettes porteuses du virus ont été retrouvées mortes à Créteil faisant craindre une arrivée de la maladie dans le Bassin parisien.  Le virus devient endémique sur le continent. En République tchèque, le plus grand foyer du pays a été identifié dans une exploitation située à 150 km de Prague, où 220.000 poules pondeuses vont être abattues.

Mais l’Europe n’est pas la seule touchée. L’épidémie actuelle a débuté au Canada et s’est propagée aux Etats-Unis qui ont connu un nombre record de 50 millions de décès d’oiseaux, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Au Pérou, près de 14.000 pélicans et oiseaux de mer ont péri. La France n’a pas été épargnée, avec par exemple une colonie de Fous de Bassan décimée en Bretagne, mais aussi des vautours fauves atteints en Aveyron.

Un vaccin, mais pas tout de suite

Les premiers résultats des expérimentations en laboratoire devraient être connus autour de mars 2023. « Ils sont plutôt encourageants, avec une bonne réponse au virus », selon le ministère, qui a déroulé son scénario le plus optimiste. « Si tous les signaux sont au vert, en mai, on aura des vaccins fonctionnels, autorisés, et une stratégie adaptée sur le plan sanitaire et économique ». Mais la France ne peut agir seule, et son plan dépend d’autorisations aux niveaux européen et international. Une réglementation européenne autorisant le principe de la vaccination « devrait en entrer en application fin février », selon le gouvernement, alors qu’il y a seulement un an, « professionnels et parties prenantes y étaient frontalement opposés ». Cinq pays européens se sont lancés dans la course au vaccin, et la plupart des résultats des expérimentations devraient être connus au premier trimestre 2023. Deux laboratoires français dont Ceva travaillent sur un vaccin pour les palmipèdes (canards), tandis que les Pays-Bas planchent sur un vaccin pour les poulets, et l’Italie pour les dindes.

Mais est-ce que l’épidémie n’est pas le signe que l’élevage doit évoluer? Car les poules et canards ne peuvent pas rester indéfiniment cloitrés dans les hangars. « On envisage aussi la ferme sous un autre angle, on se dit : est-ce que je n’envisage pas aussi une autre production pour sécuriser la ferme ? Là, c’est ce qu’on est en train de faire, explique Etienne Blanchard, éleveur de volailles. On est en train d’envisager de nouveaux projets. » L’Etat français cherche aussi à baisser à marche forcée le nombre de volailles présentes dans les exploitations, plutôt que risquer de les voir contaminées, euthanasiées, et donc perdues pour la consommation humaine. Pour le Sud-Ouest, l’Anses recommande ainsi de « réduire drastiquement les densités d’élevages et le nombre de canards par élevage en période à risque, ainsi que les mouvements d’animaux et les distances de transport, en veillant à préserver les zones indemnes. » « Il est indispensable de revoir les modèles des différents systèmes de production avicoles, il devient urgent de réduire la densité des élevages, d’améliorer les conditions sanitaires de détention, de limiter les conditions de stress des animaux détenus […] d’élever des races locales plus résistantes aux virus », a réclamé Allain Bougrain Dubourg.


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