Particulièrement soutenus par le gouvernement Macron, les chasseurs français font face à une opinion publique nettement en leur défaveur. L'idée d'un jour sans chasse, le dimanche, est approuvée par 78% des Français. Mais elle vient d'être rejetée par l'exécutif.
Régulièrement, les réseaux sociaux s’émeuvent à chaque accident de chasse. Car la France fait partie des pays d’Europe où l’on recense le plus d’accidents. D’après l’Office français de la biodiversité, sur la période 2021-2022, il y a eu 95 victimes d’accidents de chasse, dont 8 décès. Parmi les morts, 74% étaient eux-mêmes chasseurs. Et ces chiffres sont clairement plus élevés que dans d’autres pays voisins : en Italie, pour la période du 1er septembre 2021 au 31 janvier 2022, il y a eu 74 accidents, avec 14 victimes et 60 blessés d’après une étude de l’université Carlo Bo d’Urbino. En Espagne, Le collectif contre la chasse estime le nombre de morts à 15 personnes, dont un randonneur, et 65 blessés pour l’année 2022. En Allemagne, selon l’organisation fédérale des chasseurs il n’y a eu aucun accident mortel en 2021 impliquant une arme de chasse, et qu’il n’y a eu qu’un seul accident mortel lié à la chasse en trois ans.
Pourtant le nouveau « plan chasse » proposé par le gouvernement ne semble pas vouloir prendre en compte l’inquiétude des personnes qui se promènent dans la nature, surtout les week-ends. L’interdiction de la chasse le dimanche a été recalée alors que 78% des Français y sont favorables. L’Association de Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) a lancé une pétition à ce sujet, qui a récolté plus de 250.000 signatures. Au Royaume-Uni, aux Pays-bas et au Portugal par exemple, il existe un ou plusieurs jours de non-chasse règlementaires. C’est également le cas de plusieurs communautés autonomes espagnoles, ainsi que du canton de Neuchâtel en Suisse. L’Italie, en particulier, a instauré des « jours de silence » de chasse sur son territoire, les mardis, les vendredis et les dimanches.
Un problème? Une application
Afin de sécuriser les promeneurs, l’Etat préconise une application pour smartphones qui sera déployée à l’automne. Les organisateurs de chasse collective devront obligatoirement s’y déclarer. Cette application concernera uniquement les forêts publiques. La secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard, reconnait une « difficulté » pour l’étendre aux forêts privées, soit les trois quarts des forêts françaises. Autre mesure phare du plan : la création d’un délit d’alcoolémie pour les chasseurs, comme celui pour les automobilistes, soit un seuil maximal fixé à 0,5 g d’alcool par litre de sang. Une contravention de 135 euros doit être instaurée « tout de suite », selon la secrétaire d’État, ajoutant qu’un projet de loi sera déposé « très rapidement » pour aggraver les poursuites pénales, sans préciser comment seront effectués les contrôles. Pourtant, la France est un des rares pays européens où l’on peut chasser et boire. Réponse du président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen : « De quel droit réserver ça aux chasseurs, un mec bourré sur un vélo c’est dangereux aussi »…
En Espagne, il est totalement interdit de porter et d’utiliser une arme à feu sous l’influence de l’alcool ou de narcotiques, quel que soit le taux.
