Les règles d'éthique et de transparence ne sont pas respectées à Bruxelles, et le scandale du Qatargate illustre le poids des lobbys au sein de l'institution qui se prétend pourtant exemplaire dans sa lutte contre la corruption.
L’affaire ébranle le Parlement européen depuis le 9 décembre dernier, en pleine coupe du monde de football, organisée au Qatar. Depuis, la chaîne télé Al Jazeera n’a pas mentionné le scandale une seule fois. Un des principaux suspects, l’ancien député Antonio Panzeri, vient de promettre à la justice belge des révélations en échange d’une réduction de peine qui ne dépassera pas un an de rétention, dont une partie sous bracelet électronique. Une amende de 80.000 euros est également prévue.
Panzeri reconnaît sa participation à «une organisation criminelle» et avoir été «un corrupteur actif». Principal suspect, Panzeri est soupçonné d’avoir utilisé l’ONG Fight Impunity, qu’il a fondée en septembre 2019 après avoir passé quinze ans au Parlement européen, comme centre de distribution de pots-de-vin pour différents pays dont le Quarar et le Maroc. Les deux pays ont contesté ces allégations de corruption.
Au cours de la perquisition de son domicile bruxellois, des sommes d’argent en liquide avaient été retrouvées pour un montant de 600.000 euros. Des arrestations en cascade le même jour avaient conduit trois autres personnes sous les verrous : l’assistant parlementaire italien Francesco Giorgi, sa compagne l’eurodéputée grecque Eva Kaili – ancienne vice-présidence du parlement européen – et le lobbyiste italien Niccolo Figa-Talamanca. Tous sont soupçonnés d’avoir perçu des sommes d’argent en provenance du Qatar.
Le règlement du Parlement n’est pas respecté
Les eurodéputés sont bien sûr au premier rang des observateurs de ce scandale. De nouvelles règles imposant une meilleure transparence devraient être introduites. Mais le règlement européen oblige déjà les eurodéputés à déclarer leurs voyages ou leurs rendez-vous avec les lobbyistes, ce qui n’est pas toujours fait. Les contrôles sont rarement entrepris. De nouvelles affaires pourraient survenir, par exemple sur les contrats de l’Union européenne lors de l’homologation et l’achat de vaccins anti-Covid-19. De meilleures enquêtes devraient être faites sur les sociétés créées par les eurodéputés pour dissimuler leurs opérations. Il est particulièrement révélateur que Panzeri ait utilisé l’ONG Fight Impunity pour les versements illégaux, tout comme la comptable de sa famille a créé l’ONG Equality Consultency. Ces noms ronflants sont souvent le signe d’une ambivalence. L’Union européenne, dans sa stratégie anti-corruption, montre qu’elle doit faire le ménage si elle veut être crédible face aux pays de l’Est de l’Europe.