Alors que les relations entre l'Allemagne et la France sont confrontées à de nombreuses tentions, le rapprochement entre Paris et Madrid se consolide sur fond de développements autour de l'énergie.
Le voyage à Barcelone d’Emmanuel Macron, qui a rencontré son homologue Pedro Sànchez, a finalisé un nouvel accord entre les deux pays, après le traité de l’Elysée signé avec l’Allemagne en 1963 et celui du Quirinal avec l’Italie en 2021. Onze membres du gouvernement français étaient du voyage pour ce qui a été décrit comme un « sommet de la complicité retrouvée ». Pour le Courrier International, ce traité d’amitié et de coopération et aussi un moyen pour Paris de renforcer ses relations avec d’autres voisins que l’Allemagne, “au moment où le moteur franco-allemand de l’UE est souvent apparu essoufflé”. Côté espagnol, “l’accord signifie rejoindre les rangs de l’Allemagne et de l’Italie, les deux seuls autres pays à avoir conclu un tel traité avec la France”, remarque Politico. Malgré leurs politiques sociales souvent opposées, les deux gouvernements cherchent à se rapprocher pour peser sur les politiques européennes. “Peu de pays européens ont des liens aussi étroits – en raison de leur histoire parfois tragique, des migrations et des exils, des échanges commerciaux et de la proximité géographique et culturelle – que l’Espagne et la France” rappelle El Pais.
Au programme de la journée, “une série d’échanges ministériels et d’accords bilatéraux, en matière de défense, de sécurité intérieure ou de politiques de la jeunesse”, indique le journal économique. Il sera aussi question du grand projet H2Med, “le pipeline sous-marin d’hydrogène qui reliera, d’ici à 2030, les ports de Barcelone et Marseille”.
Le pipeline H2Med, un nouvel axe énergétique
Et l’annonce officielle n’a pas tardé. Lors du 60ème anniversaire du Traité de l’Elysée, ce dimanche, Emmanuel Macron a annoncé que le projet de pipeline européen d’hydrogène H2Med, qui vise à développer l’utilisation de cette énergie sur le continent, et passe par le Portugal, l’Espagne et la France, va être étendu outre-Rhin. Le gazoduc situé sous la mer Méditerranée transportera de l’hydrogène vert, fabriqué à partir de l’eau par électrolyse, selon un procédé utilisant des énergies renouvelables. Le gouvernement espagnol estime que H2Med pourra acheminer chaque année quelque deux millions de tonnes d’hydrogène vers la France, soit 10% des besoins estimés en hydrogène de l’Union européenne. Le projet devrait coûter 2,5 milliards d’euros, et doit être opérationnel en 2030.
Le Maroc et l’Algérie sont actuellement dans une course vers les énergies renouvelables, avec le solaire, l’éolien, mais aussi l’hydrogène. « On produit de l’hydrogène par électrolyse et l’électrolyse nécessite de l’électricité ; or en Algérie, on peut produire de l’électricité renouvelable à très bas coût, donc l’hydrogène sera à bas coût, »déclare Abdelhamid M’raoui, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). « Nous pouvons produire de l’hydrogène avec des procédés qui sont peu consommateurs d’eau, voire pas du tout, à des prix qui sont concurrentiels, » affirme-t-il. Un complément bienvenu face aux nombreux projets en développement dans le nord de l’Europe, qui devront utiliser de l’électricité plus chère.