La dirigeante indépendantiste Nicola Sturgeon, longtemps très populaire, quitte son poste après huit années de mandat, sur fond d'opposition avec Londres sur un nouveau référendum d'indépendance et une loi contestée sur la reconnaissance du changement de sexe pour les personnes transgenre.
C’est une mauvaise nouvelle pour l’indépendance de l’Ecosse. Nicola Sturgeon a annoncé sa démission hier, expliquant que ses forces lui manquaient pour continuer son mandat, une décision qui rappelle celle de la première ministre zéonélandaise, Jacinda Arden. En janvier dernier, elle assurait pourtant qu’elle était « pleine d’énergie ». Arrivée à la tête du parti national écossais (SNP) et du gouvernement écossais en 2014, elle a bénéficié d’une popularité constante, poussée par le combat pour l’indépendance et contre le Brexit (avec 55% des votes en sa faveur). En mai 2021, elle avait obtenu une nouvelle fois une majorité au parlement local avec les Verts.
Revers politiques
Récemment pourtant, Nicola Sturgeon a vu sa côte de popularité dégringoler avec des sondages annonçant que 42% des Ecossais voulaient la voir partir. Après s’être engagée pour une loi abaissant à 16 ans l’âge requis pour reconnaître le changement de genre, le débat politique en Ecosse a fait rage, alimenté par les associations familiales et certaines féministes qui disaient que la loi pouvait mettre en danger les femmes, en particulier au sujet de l’accès aux espaces qui leur sont réservés. Un fait divers a récemment illustré ce débat avec le décès d’une femme transgenre en milieu carcéral.
Surtout, cette loi a été bloquée par le gouvernement britannique après l’accord du parlement écossais, le 22 décembre 2022. Le veto de Westminster, appuyé par le Premier ministre Rishi Sunak, risquait de déclencher un bras de fer judiciaire et politique. «Nous défendrons le texte devant la Cour suprême» si nécessaire, avait répondu Nicola Sturgeon. C’est donc la première fois qu’une Première ministre doit quitter son poste sur le sujet des droits des personnes transgenre.
Mais le conflit le plus marquant, c’est le refus d’un nouveau référendum écossais par la Cour suprême britannique en novembre dernier. Les cinq juges de la Cour suprême ont unanimement conclu que le référendum relevait des questions réservées au pouvoir central à Londres. « Le Parlement écossais n’a pas le pouvoir de légiférer pour un référendum d’indépendance » avait déclaré le président de la cour suprême, Robert Reed. Nicola Sturgeon s’était dite « déçue » par le jugement de la Cour, estimant qu’une « loi qui ne permet pas à l’Ecosse de choisir son propre avenir sans l’accord de Westminster montre que toute notion de partenariat volontaire avec le Royaume-Uni est un mythe ».