L'obtention de nouveaux droits et une visibilité accrue de la communauté LGBT provoquent un "retour de bâton" partout en Europe et en Asie, particulièrement pour les personnes transgenre.
Bullying et suicides chez les jeunes, conflits internationaux dans l’éducation et les programmes d’éducation sexuelle, agressions dans la rue, fusillades à Bratislava et Oslo, la violence contre la communauté LGBT progresse d’une manière alarmante dans 54 pays d’Europe et d’Asie. Le nouveau rapport annuel d’ILGA-Europe, une ONG qui regroupe plus de 600 entités sur le continent, dresse un constat inquiétant sur la multiplication des messages haineux, malgré des victoires législatives récentes. Les suicides ont augmenté, les mouvements migratoires pour fuir la répression se sont intensifiés et l’espace pour la société civile s’est progressivement rétréci sur tout le continent.
Et la hausse de cette violence est à son plus haut niveau depuis que l’ILGA a commencé à publier son rapport annuel, il y a douze ans. Le rapport pointe du doigt une longue liste de pays européens où les crimes de haine anti-LGBTI sont « en augmentation », notamment en France, en Hongrie, en Allemagne, au Monténégro, en Islande, en Roumanie, en Espagne, en Turquie, en Suisse et en Russie. « Il y a une augmentation des discours haineux – et des discours haineux souvent tenus par des politiciens, par des élus, par des leaders d’opinion et, j’ose le dire, également des discours haineux qui ont été autorisés à être diffusés par les médias également », insiste Evelyne Paradis, directrice exécutive d’ILGA-Europe.
Les personnes transgenre au centre de cette violence
Dans la nuit de lundi à mardi, à La réunion, le centre LGBT de la ville de Saint-Denis a été incendié et des tags homophobes ont signé l’action. Comme à Bratislava ou à Oslo, où des fusillades ont eu lieu dans des clubs gays, la gravité et la violence des attaques s’intensifie. Souvent les discours de haine s’adressent aux personnes transgenre et aux drag queens, dans le milieu scolaire, et ceci à travers le monde. Et même quand des avancées importantes sont obtenues, comme en Espagne et en Finlande, qui ont récemment adopté des lois progressistes pour renforcer les droits des transgenres, les débats sont très tendus. En Ecosse, la Première ministre Nicola Sturgeon a du quitter son poste précisément après le vote du projet de loi sur la reconnaissance du genre, basé sur un système d’auto-identification. Westminter a imposé un véto sur cette loi, qui illustre le refus d’accorder de nouveaux droits à cette minorité au Royaume-Uni.
Pourtant l’année 2022 a vu le mariage homosexuel devenir légal en Suisse et en Slovénie, une première en Europe de l’Est, et des progrès notables dans les droits à l’homoparentalité en Finlande, au Danemark, en Suède, en République tchèque, en Lituanie et en Espagne. Enfin, le rapport note que la hausse des crimes homophobes s’est accompagnée d’une augmentation des poursuites judiciaires, les tribunaux sont plus réactifs à la violence motivée par les préjugés.