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L’Europe veut arbitrer le secteur de la pêche

dimanche, 26 février, 2023 - 10:36

Face à la sur-exploitation des stocks et les inquiétudes des professionnels de la pêche, la Commission européenne tente de "verdir" une industrie à l'horizon 2030, mais le plan ne satisfait ni les pêcheurs ni les ONG.

Les images de dauphins de Gascogne échoués sur les plages françaises sont de plus courantes dans les médias, mais la découverte du cadavre d’un dauphin mutilé au large des Sables-d’Olonne (Vendée), le 18 février dernier, atteste des tensions entre les pêcheurs et les ONG de défense de la nature.  Sur le corps du dauphin, une inscription gravée au couteau ‘Sea Sheperd PD ».

Le plan de la Commission européenne cherche à développer les aires marines protégées, l’interdiction du chalutage et encourager une meilleure exploitation des stocks de poissons avec des bateaux moins énergivores. Dix ans après l’importante réforme de la Politique commune de la pêche, l’exécutif européen estime que des transformations structurelles sont indispensables pour réduire l’impact environnemental, tout en garantissant la rentabilité du secteur et sa neutralité carbone d’ici 2050. La mesure phare de ce plan d’action concerne l’interdiction de la pêche utilisant le chalutage de fond (chaluts, dragues, filets maillants…) dans les zones maritimes protégées. Déjà interdite depuis 2016 au-dessous de 800 mètres, elle est considérée par l’Union européenne ainsi que les ONG comme l’une des activités les plus dommageables pour les fonds marins.

A travers ce nouveau plan d’action, la Commission européenne souhaite également inciter les Etats à fixer leurs quotas de capture annuels de façon plus transparente, en respectant les niveaux maximaux recommandés par les scientifiques. Une exigence importante car l’Europe peine à lutter contre la surpêche depuis de nombreuses années. Un tiers des espèces de poissons en est victime dans l’Atlantique Nord-Est (contre 70 % dans les années 2000) et quelque 85 % des stocks en Méditerranée sont surexploités.

Un plan qui ne satisfait personne

Le manque d’ambition de ce plan se heurte bien sûr au lobby de la pêche, déjà déstabilisé depuis le Brexit. Les pêcheurs estiment que ce plan va forcément produire du chômage et 4350 marins-pêcheurs de 1200 navires risquent de perdre leur emploi. De leur côté, les ONG, à l’image d’Oceana, s’insurgent contre un calendrier jugé trop lent. L’association déplore que “l’UE tolérera de facto le chalutage de fond encore sept ans dans les aires protégées et après 2030 en dehors”. Elle dénonce ainsi “le décalage marqué entre le constat et la faiblesse des actions proposées ».

Alors que les pêcheurs ont l’obligation de ramener à terre l’ensemble de leurs captures, y compris celles qui ne respectent pas les critères de taille, ceci afin de limiter les prises «accidentelles» rejetées en mer, cette obligation de débarquement reste peu appliquée selon Bruxelles. La Commission demande donc aux Etats d’étendre les zones marines protégées pour atteindre l’objectif de 30 % de l’espace marin fixé dans le plan biodiversité européen, et d’établir des limites aux prises accidentelles pour certaines espèces vulnérables (dauphin du golfe de Gascogne, marsouins, raies…).


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