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Progression des bénéfices des compagnies pétrolières européennes

vendredi, 3 mars, 2023 - 16:09

Suite à la crise énergétique, les géants pétroliers accumulent des bénéfices record, et provoquent des débats sur la taxation des dividendes alors que les prix élevés nourrissent l'inflation à travers le monde et un fort sentiment d'injustice sociale et environnementale.

Mois après mois, les résultats des compagnies pétrolières se confirment et nourrissent un sentiment d’injustice de la part des usagers et des ONG écologistes. Le français TotalEnergies, deuxième producteur mondial de gaz naturel liquéfié, a réalisé en 2022 un bénéfice net de 19,5 milliards d’euros, soit 28% de plus que l’année précédente. La compagnie d’énergie britannique Centrica, propriétaire de British Gas, a engrangé 3,7 milliards d’euros contre 948 millions en 2021. De même, les compagnies espagnoles Repsol et Iberdrola ont obtenu respectivement des bénéfices en progression de 70% et 12%.

Ce sentiment d’injustice et général et l’opinion publique exige des gestes de la part des gouvernements et des compagnies pétrolières. Un sentiment d’impunité semble se renforcer, et la récente décision concernant le projet de Total en Ouganda, contesté par six ONG, confirme l’idée que ces compagnies ne font pas assez d’efforts pour la transition énergétique. Les locaux de Total sont régulièrement la cible des militants écologistes.

Les États-membres de l’UE ont adopté fin 2022 une taxation des superprofits réalisés par les géants du gaz, du pétrole et du charbon. Dans le cadre de la « contribution temporaire de solidarité », Bruxelles fixe un taux d’imposition minimum de 33% de ces superprofits.  Des taxations exceptionnelles ont été adoptées en Espagne et en Italie. En France, Total Energies s’est acquittée de deux milliards d’euros de taxe exceptionnelle en 2022 dans l’UE et au Royaume-Uni, mais elle n’a pas payé d’impôts en France. Certains pays, comme la Norvège, dont les exportations d’hydrocarbures, et donc ses revenus, ont triplé, sont accusés de profiter du conflit en Ukraine.

L’exemple choquant de l’Ouganda

Le français TotalEnergies mène en Ouganda le projet pétrolier Tilenga, qui implique 419 puits de forage, dont une partie se trouve dans le parc naturel des Murchison Falls, tandis que le projet Kingfisher, un autre site d’exploitation, est mené par la China national offshore oil corporation (Cnooc). En plus de ces deux sites de forage, un oléoduc de 1 443 kilomètres, l’EACOP, acheminera le pétrole brut en vue de son exportation. Il s’étend de la ville de Kabaale, sur la rive du lac Albert, en Ouganda, jusqu’au port de Tanga, en Tanzanie. Étant donné que le pétrole ougandais est très épais, le pipeline devra être maintenu à une température de 50 °C pour pouvoir être acheminé, ce qui en ferait l’oléoduc chauffé le plus long du monde.

Pour concrétiser son projet qui empiète sur des terres occupées, souvent de paysans, Total affirme avoir relogé environ 5000 personnes au total, selon un programme d’acquisition de terres prévoyant des compensations monétaires ou en nature. Un chiffre bien en dessous de la réalité, selon les Amis de la Terre, qui compte plus de 118.000 expropriations liées aux projets de Total en Ouganda et en Tanzanie.

Alors qu’Emmanuel Macron a entamé sa tournée en Afrique, l’influence de la France illustre cette impunité. Le 28 février, le tribunal de Paris a jugé « irrecevables » les demandes de 6 ONG, dont les Amis de la terre, Survie et quatre associations ougandaises, qui considèrent que ce mégaprojet est imposé au mépris des droits humains et de l’environnement.


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