Quelques pays européens s'inquiètent de l'aggravation des conflits dans les zones occupées en Cisjordanie, alors qu'Israël fait face à un mouvement important de contestation de sa politique de construction de logements menée par le gouvernement d'extrême droite de Nétanyahou.
Depuis plusieurs mois, les affrontements sont quotidiens et prennent des proportions qui inquiètent de nombreux pays à travers le monde. Des villes comme Barcelone prennent la défense du peuple palestinien, alors que les colons juifs s’attaquent directement aux maisons palestiniennes soit pour les détruire, soit pour en prendre possession. Dimanche dernier, la ville palestinienne de Huwara a été attaquée par des colons israéliens. En toute impunité, des dizaines d’entre eux ont mené une expédition punitive durant plusieurs heures. Armés pour certains, ils ont incendié des voitures, des commerces et des habitations, en représailles après la mort de deux colons, tués dans la journée. La réponse a été si violente que l’on a parlé de « pogrom », un mot chargé par l’histoire. Et l’armée est restée passive face à ces violences.
L’Europe, souvent bloquée par des liens historiques avec l’Etat d’Israël, est divisée sur le conflit en Palestine. Certains pays comme la Hongrie sont des soutiens indéfectibles. D’autres comme l’Irlande sont très critiques face à l’Etat hébreu. C’est pourquoi l’initiative de six pays dont la France, l’Allemagne, la Pologne, le Royaume-Uni et l’Espagne est inédite, avec un communiqué très clair : « Nous condamnons fermement les récents attentats terroristes qui ont provoqué la mort de citoyens israéliens. Nous condamnons également fermement les violences aveugles des colons israéliens contre les civils palestiniens ». Les auteurs de tous ces actes « doivent rendre des comptes et être poursuivis en justice ». Depuis le début de l’année, 75 adultes et enfants palestiniens, et 13 adultes et enfants israéliens ont trouvé la mort, avec de nombreux blessés.
Manifestations importantes contre Nétanyahou
Le communiqué insiste : « Nous réaffirmons également notre vive opposition à toutes les mesures unilatérales qui compromettent la solution des deux Etats, y compris en matière de progression de la colonisation », écrivent les ministres européens. Ils appellent « instamment le gouvernement israélien à revenir sur sa décision récente d’approuver la construction de plus de 7 000 unités de logement dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée et à légaliser des colonies sauvages ».
Face à cette violence, des manifestations ont lieu depuis neuf semaines, à Tel-Aviv et dans d’autres villes, pour protester contre la réforme du système judiciaire qui pourrait lever les poursuites judiciaires du premier ministre Benyamin Nétanyahou. L’opposition, dont son chef centriste Yaïr Lapid, a accusé à plusieurs reprises le premier ministre de vouloir servir ses intérêts personnels avec cette réforme. Désormais, le lien est fait entre la réforme de la justice et la violence exercée par l’armée et les colons dans les territoires. A Tel-Aviv, des manifestants lançaient mercredi aux policiers : « Où étiez-vous à Huwara ? »