Syndicate content

Les pays européens ne respectent pas les quotas de pêche

vendredi, 17 mars, 2023 - 14:48

Le secteur de la pêche poursuit une politique non durable avec des stocks déjà surexploités. Des documents confidentiels de la Commission européenne montrent que plusieurs pays européens dépassent délibérément leurs quotas.

En 2018, 86 % des cabillauds, soles et bars présents sur les étals des grandes surfaces de l’hexagone provenaient d’une pêche non durable qui piochait dans des stocks déjà surexploités. Dans cinq plus tard, le quotidien The Guardian révèle que plusieurs pays européens, dont la France et l’Espagne, cherchent à contourner les protocoles de déclaration de la pêche. Ces informations proviennent de documents confidentiels provenant de la Commission européenne attestant que les pêcheurs tentent de détourner les mesures de contrôle. La réglementation autorise une marge de 10% entre la capture déclarée pour chaque espèce de poisson dans le journal de bord du bateau et la quantité déclarée après le débarquement.

Mais depuis 2016 la pêche en mer Baltique bénéficie d’une dérogation qui lui permet d’élargir la portée de la marge de 10% aux captures totales des navires. Les documents consultés par le Guardian révèlent que des pays européens voudraient élargir cette mesure dérogatoire à toutes les eaux de l’UE. Cette «dérogation a entraîné d’énormes erreurs de déclaration, en particulier une sous-déclaration et une surpêche des espèces soumises à un quota. La déclaration erronée des captures est le précurseur d’une pêche non durable qui, au fil du temps, risque d’entraîner l’épuisement des stocks de poissons et, en fin de compte, de perturber l’écosystème marin», souligne l’un des documents consultés par le quotidien britannique.

Un épuisement des stocks de poissons dénoncé depuis des années

Les espèces les plus pêchées en Europe – dont le maquereau, le thon, le hareng de l’Atlantique et le sprat – pourraient être menacées en vertu de cette souplesse si elle était étendue au-delà de la mer Baltique. Le sprat, espèce protégée par un quota, a été sous-déclaré de 78%, tandis que les prises d’espèces hors quota ont été surdéclarées de 819%. Mais ceci ne prend pas en compte les nombreux chalutiers français ou espagnols au large des côtes africaines qui appauvrissent les pêcheurs locaux. De même, les stocks de poissons les plus menacés par des protocoles de déclaration affaiblis comprennent l’albacore dans l’océan Indien, qui pourrait s’effondrer d’ici 2026 si la surpêche se poursuit.

La branche professionnelle de pêcheurs, Europêche, dénonce les sanctions comme la suspension des licences de pêche et l’immobilisation des navires après avoir cumulé trop de points de pénalité. Une longue querelle s’annonce, partie d’un marchandage interne à l’UE sur la modernisation des contrôles de la pêche, qui ont été proposés par Bruxelles en 2018 mais contestés depuis par des états de pêche comme la France, le Danemark et l’Espagne.


Réactions

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pays