Occulté en France à cause de l'activité politique, le sixième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) s'adresse aux décideurs et souligne que les efforts ne suffisent pas pour corriger le changement climatique avant la fin de la décennie.
La fenêtre d’opportunité pour sauver la planète ne durera pas longtemps et cette décennie est la dernière avant des conséquences irréparables pour le changement climatique. « Les tendances actuelles ne sont pas du tout compatibles avec la stabilisation du réchauffement, qui permettrait d’assurer un monde vivable et équitable. Des efforts qui ont été faits, mais ils n’atteignent pas l’échelle suffisante pour une baisse suffisamment rapide des émissions de gaz à effet de serre », selon la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Le groupe cite de très nombreuses conséquences, comme une baisse de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’eau, la perte de vies humaines, l’extinction de centaines d’espèces, la survenue de maladies et de traumatismes, ou encore des déplacements « croissants » de populations.
De nombreux pays ont déclaré leur intention d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, mais « peu de politiques sont en place actuellement pour tenir cette promesse », souligne encore le Giec, qui pointe du doigt l' »écart » entre les engagements et leur mise en œuvre. Si cet écart persistait, il nous ferait franchir la barre des +1,5°C au cours du siècle et nous conduirait vers un réchauffement de 3,2°C en 2100, expose le rapport.
Les décideurs disposent de tous les outils
La palette des autres solutions pour atténuer le changement climatique est large : «l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’électrification des systèmes urbains, les infrastructures vertes urbaines, l’efficacité énergétique, la gestion de la demande, l’amélioration de la gestion des forêts et des cultures-prairies, et la réduction du gaspillage et des pertes alimentaires, sont techniquement viables, deviennent de plus en plus rentables et sont généralement soutenus par le public», énumèrent les auteurs. Et ce d’autant plus que les pays du Nord sont des émetteurs historiques de gaz à effet de serre.
Les experts du Giec le rappellent : la responsabilité est différenciée selon les Etats, sachant que les 10 % des ménages les plus riches représentent 40 % des émissions. Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « Nous n’avons jamais été mieux équipés pour relever le défi climatique – mais nous devons maintenant passer à l’action climatique à grande vitesse» pour tous les Etats et dans tous les secteurs. Il demande aux dirigeants des pays développés d’atteindre la neutralité carbone «le plus près possible de 2040», soit dix ans plus tôt que ce que visent la France et l’Union européenne.