Mauvaise nouvelle pour le plan européen voulant "verdir le secteur de la pêche". La France a obtenu de la Commission européenne une dérogation qui permettra le chalutage de fonds dans les aires marines protégées d'ici 2030. Malgré de nombreux cas de dauphins tués ou échoués sur les côtes.
« Que direz-vous à vos enfants quand les océans seront morts ? », c’est le tweet du défenseur de l’environnement Hugo Clément adressé au secrétaire d’Etat français : « Votre combat devrait être d’éviter l’effondrement de la biodiversité et d’arrêter le massacre des dauphins, en interdisant la pêche industrielle et en accompagnant financièrement les pêcheurs artisans pour réduire la pression sur la ressource marine ». Car le secrétaire d’Etat à la pêche, Hervé Berville, est parvenu à faire tomber le plan européen qui cherchait à à protéger poissons, coquillages et crustacés, mais aussi des tortues et oiseaux marins menacés par l’usage d’engins de fond mobiles (chaluts, dragues, palangres, casiers…), dans des aires qui devraient couvrir jusqu’à 30 % des eaux européennes en 2030.
Cette pêche très gourmande en carburant et forte émettrice de CO2, qui, en raclant les fonds, détruit des écosystèmes constituant eux-mêmes des puits de carbone, fragilise les populations de poissons qui s’y abritent et s’y reproduisent, et favorise des prises accidentelles « disproportionnées » faute de sélectivité. La Commission demandait alors aux Etats membres de prévoir d’adopter des mesures pour « éliminer progressivement » cette pêche controversée.
Le chalutage de fond, pire technique de pêche
La mesure a suscité la colère des pêcheurs en France, mais aussi en Espagne, au Portugal, en Irlande et au Danemark. L’Alliance européenne pour la pêche de fond (EBFA) a estimé que l’interdiction aurait mis « en danger 7 000 navires » soit « 25 % des volumes [de pêche] débarqués et 38 % des revenus totaux de la flotte européenne ». En France, selon le comité national des pêches, une telle mesure aurait fait disparaître près d’« un tiers de la flotte », soit 4000 marins-pêcheurs embarqués sur 1 200 navires.
Dans le monde, les chaluts de fond – quels que soient la dimension du bateau et le modèle de filet – se taillent une grosse part de la totalité des pêches : environ 26 %, rapportent les auteurs. Chaque année, ces filets remontent au moins 30 millions de tonnes de produits de la mer, soit à peu près l’équivalent de ce qu’attrapent l’ensemble des pêcheurs artisanaux.
Le gouvernement français, grand défenseur des chasseurs, montre à nouveau son désintérêt pour la protection de la faune et de la flore et l’impact négatif de la pêche intensive qui menace les ressources. Le chalutage des fonds marins consiste à racler le plancher océanique avec de lourds engins, en capturant les espèces sans distinction ou presque, le tout à grand renfort de carburant. Elle est considérée comme « la plus néfaste à l’environnement et au climat » par une coalition d’ONG – Oceana, Seas at Risk, Our Fish, Environmental Justice Foundation entre autres.