Une nouvelle ère pour ce pays frontalier de la Russie, dont les élections ont eu lieu ce weekend, et qui vient de basculer à droite, tout comme son voisin, la Suède.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine a fait basculer les pays nordiques vers l’Otan. Après trois décennies de non-alignement, la Finlande, qui partage une frontière de 1 300 kilomètres de long avec la Russie, entre ce mardi dans l’Otan 74 ans jour pour jour après sa création, le 4 avril 1949. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé la sécurité en Europe et rebattu les cartes, poussant la Finlande et la Suède à vouloir rejoindre le parapluie protecteur de l’Otan. « L’ère du non-alignement militaire dans notre histoire s’achève. Une nouvelle ère commence », a déclaré le chef de l’Etat Sauli Niinistö avant que le drapeau finlandais ne soit symboliquement hissé devant le siège de l’Otan à Bruxelles. Il a pris place entre les drapeaux de l’Estonie et de la France, dans l’ordre alphabétique.
Lors de la cérémonie, le secrétaire général Jens Stoltenber a déclaré : »Le président Poutine est entré en guerre contre l’Ukraine avec l’objectif affiché d’avoir moins d’Otan (…) Il obtient exactement le contraire », a souligné lundi son secrétaire général Jens Stoltenberg. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky également présenté ses « sincères félicitations » à la Finlande pour son adhésion à l’Otan sur le réseau Telegram. Une appartenance qu’ils présente comme la « seule garantie efficace de sécurité dans la région », face à « l’agression russe ». « La Finlande assure être en mesure de protéger sa frontière et ne demande pas de renforts à l’Otan. Mais nous ne savons pas quelle sera la réaction de la Russie. Si elle double ses forces à la frontière, il nous faudra revoir le dispositif », a commenté le représentant d’un pays de l’Alliance.
Changement de pouvoir à la tête du gouvernement finlandais
L’adhésion à la Finlande survient juste après les législatives qui ont vu le chef du centre-droit à la tête des scrutins et qui devra remplacer la Première ministre sortante Sanna Marin, au terme d’un scrutin très serré où les nationalistes, qui pourraient entrer au gouvernement, ont atteint un record. « C’est une grande victoire », a lancé Petteri Orpo, un ancien ministre de 53 ans, sous les acclamations de ses partisans. « Nous allons commencer les négociations pour un gouvernement en Finlande », a dit celui qui a désormais la possibilité de nouer une alliance vers la gauche avec Mme Marin ou avec le parti anti-immigration et eurosceptique des Finlandais de Riikka Purra.
Selon des résultats quasi-définitifs portant sur plus de 98% des suffrages, le parti de la Coalition nationale arrive en tête avec 48 des 200 sièges du Parlement, devant le parti des Finlandais (46) et les sociaux-démocrates (43). Malgré une progression par rapport aux élections de 2019, Sanna Marin a reconnu sa défaite. Installée depuis plus de 20 ans dans la vie politique finlandaise, l’extrême droite a battu son record de 19,05% remontant à 2011, dans le sillage de la vague populiste qui traverse l’Europe ces dernières années. « Nous n’avons pas de parti d’extrême droite en Finlande », a toutefois assuré M. Orpo devant la presse étrangère, alors qu’une alliance avec les nationalistes est jugée probable. L’économie a été l’angle d’attaque principal de l’opposition, qui dénonce notamment la hausse de la dette publique. L’extrême droite a elle fait campagne sur la délinquance juvénile, liée selon elle à l’immigration.