Approuvée en 2021, la loi interdit ou restreint fortement les représentations de l'homosexualité et du changement de genre dans les médias et les programmes éducatifs destinés à un public de moins de 18 ans. Quinze pays de l'Union européenne se sont associés à une action en justice afin de faire pression sur le Premier ministre Viktor Orban.
Deux années de protestations n’y ont rien fait. En Europe, la Hongrie reste la championne des mouvements anti-LGBT qui se multiplient aussi aux Etats-Unis. Ce projet de loi « va à l’encontre des valeurs de l’Union européenne », avait déjà déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et c’est pourquoi l’institution a lancé une procédure d’infraction devant la Cour de justice de l’UE. Elle fait valoir que la législation enfreint les droits fondamentaux et plusieurs réglementations du marché unique. « La loi hongroise viole le droit européen, les droits fondamentaux et les valeurs de l’UE. Nous avons renvoyé la Hongrie devant la CJUE et c’est maintenant à la Cour de statuer sur l’affaire », a déclaré un porte-parole de la Commission européenne à Euronews.
Et quinze pays se sont associés à cette action en justice : la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, l’Autriche, l’Irlande, le Danemark, Malte, l’Espagne, la Suède, la Finlande, la Slovénie, la France, l’Allemagne et la Grèce, ainsi que le Parlement européen, agiront en tant que tierces parties dans le procès lancé l’année dernière par la Commission européenne. La participation de 15 pays membres est « révolutionnaire », estime Katrin Hugendubel, directrice d’ILGA-Europe, une ONG qui regroupe plus de 600 organisations à travers l’Europe et l’Asie centrale.
Forte division entre l’Ouest et l’Est
La liste des pays qui participent à l’action en justice comporte une forte composante occidentale. Cette tendance reflète le fossé qui sépare depuis longtemps l’Ouest et l’Est en matière de protection des droits des personnes LGBT+ sur le continent. L’Italie, l’Estonie, la Lettonie et Chypre, dont les dirigeants avaient signé en 2021 une lettre collective dénonçant la loi hongroise, n’ont pas ajouté leur nom à l’action en justice. Récemment, l’Italie s’est fait remarquer sur la reconnaissance des enfants de famille homoparentale. En revanche, la Slovénie a choisi cette fois-ci de se joindre à la procédure.
Contrairement à ce qui a été annoncé, la France et l’Allemagne ont rejoint le mouvement à la dernière minute. La France s’y est jointe in extremis, dans la soirée de ce jeudi 6 avril, date butoir pour y participer. « C’est une bonne nouvelle que la France exprime enfin son soutien à cette procédure. Je reste déçu que nous n’ayons pas été en capacité d’utiliser notre diplomatie pour encourager d’autres pays à faire de même », réagit Sébastien Tüller, responsable LGBTI pour Amnesty international France. Et sans la pression d’Amnesty, le gouvernement d’Emmanuel Macron aurait pu se trouver dans une position délicate, sinon honteuse.