C'est peut-être le dernier baroud d'honneur de la contestation de la taxonomie européenne, qui classe le gaz fossile et le nucléaire parmi les investissements durables. Cinq ONG ont en effet déposé, ce mardi 18 avril, un recours devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) contre la Commission européenne.
Comment est-on en arrivé là, se demandent les écologistes européens? En mars 2022, la Commission européenne a considéré que le gaz fossile et le nucléaire peuvent être inclus dans la liste des investissements durables de l’Union européenne. Le 8 février dernier, la Commission a rejeté la demande formelle de Greenpeace de revoir sa décision, c’est pourquoi l’association et huit ONG, dont ClientEarth, le WWF European Police Office, Bund (les Amis de la Terre Allemagne et Transport and Environment ont décidé d’attaquer cette décision devant la Cour de Justice de l’union européenne (CJUE). Le recours est déposé conjointement par huit bureaux de Greenpeace en Allemagne, en France, en Espagne, en Italie, en Belgique, au Luxembourg, en Europe centrale et orientale, ainsi que le bureau de l’unité européenne de Greenpeace. Le gouvernement autrichien a également demandé à la CJUE d’annuler l’acte délégué controversé de la Commission.
Pour Greenpeace, il n’est pas normal que des fonds censés être alloués au développement des énergies renouvelables puissent bénéficier au gaz fossile et au nucléaire, avec la complicité de la Commission. Peu après l’adoption de la taxonomie européenne en juillet 2022, EDF a annoncé son intention d’émettre des obligations vertes conformes à la taxonomie pour financer des travaux sur ses vieux réacteurs nucléaires vétustes et mal entretenus.
La France en tête de la taxonomie
La France cherche à convaincre de nouveaux partenaires pour développer sa branche nucléaire, pourtant actuellement en crise. Pour Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace : « Cet acte délégué est avant tout le fruit d’un lobbying forcené de la France pour sauver une industrie nucléaire au bord du gouffre. Face à l’urgence climatique, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps et de l’argent dans des technologies inefficaces et dangereuses pour préserver le climat et l’environnement. En rejetant l’acte délégué incluant le gaz fossile et le nucléaire dans la taxonomie, la Cour peut rectifier le tir et permettre à l’UE de se remettre sur la bonne trajectoire. »
Les centrales électriques au gaz sont considérées comme une technologie « transitoire » à condition qu’elles remplacent les centrales électriques au charbon existantes et « sous réserve de limites claires et de périodes d’élimination progressive » a déclaré l’exéctutif de l’UE. « La labellisation du gaz fossile comme « durable » est aussi absurde qu’illégal », explique un porte-parole de ClientEarth, WWF European Policy Office, Transport & Environment et Bund. « Cela va à l’encontre des propres avis scientifiques de l’UE et sape fondamentalement la crédibilité de l’action climatique de l’UE. Le gaz fossile n’est ni propre, ni bon marché, ni une source d’énergie sûre », ajoute le représentant des quatre ONG. Pour rappel, l’Allemagne produit encore un tiers de son électricité grâce au charbon.