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L’Europe se réchauffe plus vite que le reste du monde

dimanche, 23 avril, 2023 - 16:14

La canicule de 2023 a été si impressionnante en Europe qu'elle a bouleversé les projections, avec l'été le plus chaud depuis le début des données en 1950. Le continent s’est réchauffé de 2,2 °C depuis l’ère pré-industrielle, contre 1,2 °C pour la planète dans son ensemble.

Depuis plusieurs années, on sait que l’Antarctique et l’Arctique se réchauffent plus vite que le reste de la planète. Sur les 42 dernières années (1979-2021), l’Arctique s’est réchauffé 3,8 fois plus rapidement que le reste du monde. En effet, une grande partie de l’océan Arctique a enregistré une hausse de plus de 0,75 °C par décennie. Avec le réchauffement (et donc la perte de glace) le plus fort près des archipels norvégien de Svalbard et russe de Nouvelle-Zemble (1,25 °C par décennie)… Sept fois plus important que la moyenne mondiale.

Mais l’Europe est très affectée aussi, selon le programme européen d’observation de la Terre, Copernicus, qui vient de publier un rapport alertant sur le changement climatique. Selon les scientifiques, l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Le vieux continent s’est réchauffé en moyenne de 2,2 °C depuis l’ère préindustrielle, contre 1,2 °C pour la moyenne mondiale. Un niveau bien au-dessus des 1,5 °C fixés par l’Accord de Paris. L’été 2022 a chamboulé les statistiques avec des records battus dans tous les domaines : fonte des glaces, sécheresses, incendies, nappes phréatiques au plus bas. Pour la première fois de l’histoire, le thermomètre a atteint 40 °C au Royaume-Uni. Copernicus confirme ce qu’on savait déjà pour la France : l’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe.

À cette hausse des températures s’ajoutent de très faibles précipitations, un cocktail qui a plongé le continent dans une sécheresse sans précédent. Copernicus relève que 63 % des cours d’eau étaient en dessous des niveaux moyens, un record. Dans ces conditions de très nombreux feux de forêts se sont déclarés, plus étendus et plus intenses que les années précédentes. Au total, plus de 900.000 hectares de végétation sont partis en fumée. « L’Allemagne, l’Espagne, la France et la Slovénie ont connu leurs plus fortes émissions liées aux feux d’été depuis au moins 20 ans, avec l’Europe du sud-ouest qui a vécu certains de ses plus gros feux jamais enregistrés », indique ainsi le service européen. Un pic de CO2 a été atteint au mois de juillet, trois fois plus haut que la normale.

Paris est particulièrement exposée

Une étude publiée en mars dans The Lancet sur les risques de surmortalité liés à la chaleur et au froid entre 2000 et 2019, dans 854 villes de plus de 50.000 habitants de 30 pays européens a montré que la vulnérabilité à la fois au froid et au chaud semble plus élevée dans les pays de l’est de l’Europe. L’Europe occidentale affiche un taux de surmortalité inférieure aux autres régions étudiées, exception faite des très grandes villes, comme Paris. La capitale française est de fait la ville européenne où le risque de mourir de chaleur est le plus élevé. Au total, chaque année, environ 400 personnes décéderaient prématurément en raison des fortes chaleurs à Paris. Le risque de mourir de chaud y serait multiplié par 1,6 en moyenne par rapport aux températures de confort.

Selon Pierre Masselot, auteur principal de l’étude et chercheur à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, les capitales sont en effet des lieux où se concentre la chaleur. « Il peut y avoir des différences de 10 degrés entre Paris et les villes environnantes ». Dans le cas de Paris comme des autres capitales chaudes, leurs caractéristiques urbaines joueraient en leur défaveur. « C’est le manque de végétation et aussi la couleur du goudron ou des matériaux qui sont très sombres et absorbent la chaleur ». Les températures dans les villes sont plus élevées que dans les banlieues ou les campagnes environnantes, en raison d’îlots de chaleur. Cette différence de température est principalement due à la suppression de la végétation, à l’évacuation de la chaleur des systèmes de climatisation, ainsi qu’à l’asphalte et aux matériaux de construction de couleur sombre.

A Paris, le développement de la nature en ville est un axe prioritaire de la mandature 2020-2026. Six années durant lesquelles la ville prévoit de planter 170 000 nouveaux arbres partout où cela est possible : dans les rues, sous forme de forêts urbaines, sur les places, le long du périphérique, dans les bois…


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