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L’ONU alerte sur les violences policières en France

mercredi, 3 mai, 2023 - 09:47

Depuis l'épisode des gilets jaunes, le comportement de la police française est vu de l'étranger comme une hérésie démocratique. Les violences policières lors des manifestations contre la réforme des retraites ont provoqué des critiques sévères de la part de l'ONU.

L’image de la France est ternie à l’étranger sur de nombreux thèmes liés aux libertés civiques comme les discriminations, les violences policières, la lutte antiterroriste ou les droits des personnes handicapées. Le conseil des droits de l’homme de l’Organisation des nations Unies (ONU)  a critiqué, le jeudi 1er mai, un recours à la force jugé excessif ces derniers mois envers les manifestants opposés à la réforme des retraites. Mais ces critiques concernent d’autres sujets, et ceci depuis l’épisode des gilets jaunes. Plusieurs pays ont appelé la France à répondre à ces violences ainsi que les discriminations raciales.

A l’étranger, la France semble s’être radicalisée dans son utilisation de la police, avec un contrôle externe bien différent de ses pays voisins. Les experts de l’ONU ont dénoncé la « répression disproportionnée » des manifestations des « gilets jaunes », « l’usage excessif de la force », le nombre« élevé » d’arrestations et de gardes à vue, les « fouilles », la « confiscation des biens des manifestants » et les « blessures graves infligées à ces derniers ». Ces experts invitent la France à « repenser ses politiques en matière de maintien de l’ordre ». Pendant la session des réponses de la délégation française, Sabrine Balim, conseillère juridique du ministère de l’intérieur, a fait valoir que « l’usage de la force est strictement encadré, contrôlé et, en cas de faute, sanctionné ». En outre, elle a rappelé que les forces de l’ordre avaient obligation de porter un numéro d’identification individuel  « afin d’assurer une visibilité et traçabilité de leurs actions ». Or, de nombreux cas ont signalé le refus de policiers de donner leur numéro d’identification individuel.

Ces critiques ne viennent pas seulement de l’étranger. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) dénonce mercredi 3 mai « une instrumentalisation des mesures de garde à vue à des fins répressives ». Dans un courrier envoyé au ministre de l’Intérieur le 17 avril dernier et rendu public mercredi, Dominique Simmonot appelle à la « vigilance » de Gérald Darmanin « quant à la nécessité de veiller au respect des dispositions législatives et réglementaires applicables à la procédure de garde à vue ». Dans son rapport joint au courrier, Dominique Simonnot explique que les personnes interpellées lui ont décrit des « interpellations violentes », « des fouilles systématiques en sous-vêtements », « des conditions d’hygiène indignes », « des espaces individuels insuffisants en cellule collective » ou encore « des irrégularités dans les fiches d’interpellation ». »Certaines personnes ont entendu des policiers décider au hasard, au terme de discussions triviales, des infractions à retenir contre elles. Des fiches d’interpellation pré-remplies ont été distribuées aux agents. »

Un pays pointé du doigt pour son racisme institutionnel

« Nous recommandons à la France d’intensifier ses efforts pour lutter contre les crimes et les menaces de violence motivés par la haine religieuse tels que l’antisémitisme et la haine antimusulmane », a déclaré la représentante américaine, Kelly Billingsley. Le Brésil et le Japon ont critiqué « le profilage racial par les forces de sécurité », et l’Afrique du Sud a appelé les autorités françaises « à prendre des mesures pour garantir des enquêtes impartiales par des organes extérieurs à la police dans tous les cas d’incidents racistes impliquant des policiers ». Les violences policières lors d’opérations de maintien de l’ordre ont également été mises en exergue par plusieurs délégations, dont celles de la Suède, de la Norvège et du Danemark.

« Le travail des personnes d’ascendance africaine était encore perçu à travers le “prisme blanc” », estime le rapport. Le groupe de travail a demandé à la France de faire le point sur toutes les pratiques discriminatoires dans le domaine de l’éducation et d’y mettre un terme : « inscrire l’histoire de l’Afrique dans les programmes d’enseignement », « lever les obstacles entravant l’accès à l’enseignement supérieur », « tenir compte du fait que la présentation déformée de l’histoire africaine à l’école et dans les médias portait atteinte à la dignité des personnes d’ascendance africaine » et « inclure dans la législation la définition et l’interdiction du profilage racial ou ethnique ». Le nombre de sans-abri augmente à un rythme « soutenu », à mesure que s’aggrave « la pénurie d’hébergements d’urgence et de logements à long terme ». Les migrants, qui fuient des conflits ou l’extrême pauvreté, vivent dans des conditions « absolument indignes ».


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