Malgré le soutien indéfectible de l'Union européenne envers l'état hébreu, les relations deviennent de plus en plus tendues alors qu'une nouvelle nuit de carnage à Gaza a provoqué la mort de 14 Palestiniens dont 6 femmes et 4 enfants.
La célébration de la journée de l’Europe s’annonce perturbée en Israël, où la représentation de l’Union a décidé d’annuler le volet diplomatique de la journée car le gouvernement israélien allait être représenté par un ministre d’extrême droite. Israël avait désigné Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, chef de file d’un mouvement sioniste religieux d’extrême droite, messianique et raciste. « La délégation de l’UE en Israël se réjouit de célébrer la Journée de l’Europe le 9 mai dans son pays d’accueil, comme elle le fait chaque année », a déclaré le service diplomatique de l’UE (Service européen pour l’action extérieure – SEAE). Malheureusement, cette année, nous avons décidé d’annuler la réception diplomatique habituelle, car nous ne voulons pas offrir une tribune à quelqu’un dont les opinions sont en contradiction avec les valeurs défendues par l’Union européenne », a ajouté le service diplomatique.
Itamar Ben Gvir, qui est responsable des forces de l’ordre du pays dont celles de la police des frontières en Cisjordanie occupée, a été condamné en 2007 pour incitation au racisme contre les Arabes et soutien à une organisation considérée comme un groupe terroriste à la fois par Israël et par les États-Unis. Dans une déclaration largement citée par les médias israéliens, Itamar Ben Gvir a défendu son droit de prononcer un discours au cours du week-end, écrivant qu' »Israël est une démocratie, et dans une démocratie, on peut entendre des points de vue différents ».
Un discours controversé lors du 75ème anniversaire de la création de l’Etat d’Israël
Du côté palestinien, cette Journée de l’Europe a été boycottée en réponse au discours d’Ursula von der Leyen à l’occasion du 75ème anniversaire de l’Etat hébreu, commémoration que les Palestiniens appellent la Nakba (« catastrophe » en Arabe). Plus de 500 villes et villages ont été détruits et vidés de leurs habitants par des massacres et des expulsions massives. S’en est suivi que plus de 750 000 Palestiniens ont été exilés de force et se sont retrouvés réfugiés.
Lors de ce discours, Ursula von der Leyen a repris le récit selon lequel « Israël a fait fleurir le désert » qui fait partie du discours colonial traditionnel, tout en louant « les 75 ans de dynamisme, d’ingéniosité et d’innovations révolutionnaires ». L’Agence media Palestine a répondu par un communiqué qui rappelle qu’en décembre 2022, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution pour commémorer la Nakba palestinienne. « Cette résolution historique, bien qu’elle ne soit soutenue que par deux États membres de l’UE, reconnaît les 75 années d’injustice infligées au peuple palestinien. En tant que président de la Commission européenne, une institution qui prétend faire respecter le droit international et l’autorité de l’ONU, vous ne pouvez pas rejeter avec pareille désinvolture les décisions de l’Assemblée générale de l’ONU ».
« Les organisations de la société civile palestinienne, ainsi que l’Autorité palestinienne, ont dénoncé avec véhémence votre déclaration. Amnesty International a également critiqué la déclaration et vous a exhorté à reconnaître qu’Israël commet le crime contre l’humanité qu’est l’apartheid. Nous, représentants de la société civile européenne, ne pouvons qu’y faire pleinement écho ».
Depuis début 2023, plus d’une centaine de Palestiniens, dont une grande majorité de civils, ont trouvé la mort lors des raids militaires menés par l’armée israélienne dans les villes cisjordaniennes de Jenine, Jericho et Naplouse.