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L’Europe attentive au suspens des élections en Turquie

dimanche, 14 mai, 2023 - 13:46

Ce dimanche, les élections pourraient voir la réélection ou la défaite du président turc Recep Tayyip Erdoğan, pour la première fois menacé après 20 ans au pouvoir. La scène internationale, et notamment l'Europe, retient son souffle.

Le dimanche 14 mai 2023 pourrait devenir une date importante en Turquie et dans le monde. Menacé par une opposition pour une fois unie, le président turc joue son va-tout face à son challenger Kemal Kiliçdaroglu. 64 millions de Turcs ont commencé à voter pour la présidentielle, mais aussi pour le parlement. Polarisé entre les deux principaux candidats, le pays doit accorder à l’un des deux au moins 50 % des voix plus une pour assurer sa victoire au premier tour. Les derniers sondages laissent présager une course très serrée entre ces deux prétendants, avec un léger avantage pour le leader de l’opposition qui a reçu le soutien du parti prokurde HDP, troisième force politique du pays.

L’Europe très attentive

Indispensable pour l’Europe, en particulier dans le conflit en Ukraine et sur le sujet des migrants, la Turquie est membre de l’OTAN, mais n’est pas un allié fiable. Si l’opposition l’emporte, elle promet plus de clarté avec l’OTAN, plus de distance avec Moscou et de relancer les discussions avec l’Europe pour l’intégration à l’UE. « Si Erdogan reste, les capitales occidentales craignent qu’il ne renforce encore son pouvoir autoritaire et qu’il n’éloigne plus la Turquie des démocraties », conclut Agnès Vahramian pour France Info. « C’est celui qui a fait chanter l’Europe en menaçant de déverser sur elle les trois millions de réfugiés syriens qui sont sur son territoire ».

Pour Fabienne Keller, eurodéputée française du groupe Renew, « la relation de la Turquie avec l’UE doit changer par rapport à celle qui est aujourd’hui très tendue sous le régime de Monsieur Erdogan ». L’attitude d’Ankara à l’endroit de Bruxelles présente un bilan contrasté. « Les négociations d’adhésion sont ouvertes depuis très longtemps. Et après une phase jusque vers 2010 où cela a plutôt progressé, il y a eu des actions de la part de monsieur Erdogan de répression, des milliers de juges, d’enseignants, soit démissionnés de force, soit arrêtés, il y a eu des pressions sur les Kurdes, un pouvoir plus autoritaire qui s’est exprimé à partir des événements de 2013. » 

Samin Akgonul, directeur des études turques à l’université de Strasbourg, est plus catégorique : « Pour ces élections, la coalition au pouvoir est tellement à droite, tellement anti-occidentale et anti-européenne que je crains que si Monsieur Erdogan est réélu, les relations avec Bruxelles soient complètement gelées. »

D’autres sujets sont sur la table. La question chypriote constitue un sérieux sujet de tensions entre Ankara et l’UE. A partir de 1974, l’île de Chypre est divisée en deux à la suite d’une intervention militaire de la Turquie, entre Chypriotes grecs au sud et Chypriotes turcs au nord. Les relations avec la Grèce sont toujours aussi tendues. Depuis 2020, Recep Tayyip Erdoğan et ses ministres ont à plusieurs reprises menacé d’envahir des îles grecques. Ce contexte tendu conduit la Grèce à augmenter ses dépenses militaires et à moderniser son armée. Selon Athènes, les violations de son espace aérien par les avions de l’armée turque sont particulièrement fréquentes. Des accusations que la Turquie formule aussi à l’encontre de la Grèce, au sujet de son propre espace aérien.


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