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En 40 ans, 25% des oiseaux ont disparu en Europe

mardi, 16 mai, 2023 - 10:20

C'est désormais formel. Si le changement climatique a une influence sur la biodiversité, l'agriculture intensive est la cause principale de la disparition de 800 millions d'oiseaux. La France est particulièrement concernée.

Depuis 1980, près de 800 millions d’oiseaux ont disparu en Europe, soit 20 millions chaque année, selon une étude du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et de l’université de Montpellier. « Le nombre d’oiseaux a décliné de 25% en 40 ans sur le continent européen », souligne un communiqué de presse, et le chiffre atteint même « 57% pour les oiseaux des milieux agricoles ». Les engrais et les pesticides, ainsi que l’agriculture intensive, sont les principales raisons de cette hécatombe qui concerne surtout les espèces d’oiseaux insectivores. Le nombre d’oiseaux forestiers a également diminué de 18% et les oiseaux urbains de 28%.

L’étude a été menée sur 20 000 sites dans 28 pays sur 37 ans, en suivant les populations de 170 espèces d’oiseaux. En France, l’un des pays où « la surface agricole exploitée de manière intensive est la plus élevée », le nombre d’oiseaux agricoles et forestiers « a diminué de 43% et 19% respectivement », tandis que « le nombre d’oiseaux nichant en milieu urbain a, lui, augmenté de 9% ».

L’agriculture moderne, principale responsable

Dans Libération, l’écologue et directeur de recherche au CNRS Vincent Devictor, affirme que l’intensification des pratiques agricoles a un effet systémique au niveau européen. « Les populations d’oiseaux souffrent d’un «cocktail» de pressions, mais nos travaux concluent que l’effet néfaste dominant est l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectares. Celle-ci a entraîné le déclin de nombreuses populations d’oiseaux, surtout des insectivores ». Et la France, de part sa superficie, est le mauvais élève. « En France, les populations d’oiseaux des milieux agricoles ont chuté de 43 % en 40 ans. Et ce n’est qu’une moyenne : pour le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, l’effondrement, spectaculaire, atteint -75 %… Ils aiment les petites haies de nos campagnes. Or elles disparaissent. Il y a moins de trous pour faire des nids, moins d’endroits pour se cacher, pour se reposer, etc. Et il n’y a plus d’insectes. Les conditions de vie sont dégradées, le milieu est devenu hostile. Nous faisons partie des pays qui sont incapables de maintenir la biodiversité dans leurs milieux agricoles ».

Le remembrement a eu des effets catastrophiques. « Avec l’Allemagne, nous sommes parmi les pays enregistrant les plus fortes hausses de ventes de pesticides en volume. Et le nombre de méga fermes de plus de 100 hectares a augmenté de 12 % en France depuis 2005, alors que celui des petites fermes baissait de 24 %. Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir revoir l’idéologie qui a gagné le monde agricole à la sortie de la Seconde guerre mondiale : le rendement à l’hectare, les grandes fermes, l’exportation, la compétitivité, etc ».

La chasse est aussi un facteur important puisqu’une grande partie des chasseurs sont aussi… des agriculteurs.


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