En bloquant à la dernière minute le vote sur la directive sur les énergies renouvelables, un texte primordial pour rendre possible les objectifs européens de la réduction des gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030, le gouvernement français ne prend pas en compte la publication très médiatisée d'un rapport de l'ONU qui prévoit que la période 2023-2027 sera la plus chaude jamais enregistrée sur Terre.
En défendant l’atome, Emmanuel Macron a déclaré souhaiter une « pause » dans la règlementation environnementale européenne, des propos qui ont semé le trouble à Bruxelles, jusque dans son propre camp. : « Appliquons et allons au bout [de ce Green Deal,] mais n’en rajoutons pas plus. » Sur la scène européenne, ce sont pourtant les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) qui demandent un moratoire sur plusieurs textes environnementaux du Green Deal européen. Quelques jours plus tard, la première ministre, Elisabeth Borne, a tenté de recadrer les propos du Président, tout en les confirmant : « Cette législation, elle est ambitieuse, elle nous permet de tenir nos objectifs, maintenant il faut qu’on s’emploie à la mettre en œuvre et c’est déjà une tâche très importante », a ajouté la cheffe du gouvernement en écho aux propos d’Emmanuel Macron, estimant qu’il n’était pas utile de « rajouter des normes aux normes ».
« C’est vrai que le réchauffement climatique est réglé, c’est vraiment le moment de faire une pause… », a ironisé sa collègue « insoumise » Manon Aubry, coprésidente du groupe de la gauche radicale (GUE) au Parlement européen.
« La France est folle »
Bis repetita. Ce mercredi, le Conseil de l’Union européenne devait se prononcer sur la directive sur les énergies renouvelables, un texte primordial pour rendre possible les objectifs européens de la réduction des gaz à effet de serre de 55% et du passage de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE à 42,5% d’ici 2030. Ce texte devait être approuvé facilement, mais la France – et ses alliés à l’Est – ont fait objection à la dernière minute. Emmanuel Macron est décidé à faire de l’énergie nucléaire une énergie verte, alors que le pays est nettement en retard par rapport aux pays voisins dans le développement de ressources moins dangereuses. « Cela veut dire que la France ne sera pas obligée de construire du renouvelable pour faire de l’hydrogène pour l’industrie et les transports mais pourra aussi utiliser le nucléaire (pour tenir l’objectif européen) ».
Ce blocage de Paris, considéré comme une « folie » à Bruxelles, intervient la même semaine que la forte médiatisation d’un rapport de l’ONU qui prévoit que la période 2023-2027 sera la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Sous l’effet combiné des gaz à effet de serre induits par les activités humaines et du phénomène météorologique El Niño, les températures seront brûlantes. Et donc de sérieuses questions sur les capacités des centrales nucléaires françaises dans le refroidissement de leurs réacteurs, surtout en période de sécheresse. «Il y a une probabilité de 98 % qu’au moins une des cinq prochaines années, et la période de cinq ans dans son ensemble, soit la plus chaude jamais enregistrée», souligne l’OMM. «Un épisode El Niño devrait se développer dans les mois à venir. Associé au changement climatique provoqué par l’homme, il fera grimper les températures mondiales à des niveaux jamais atteints» note le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.