Protocole d’accord signé avec Kigali pour fournir plusieurs minéraux essentiels aux efforts de décarbonation de Bruxelles
Depuis quelques années, Bruxelles tente de diversifier ses approvisionnements en matières premières dites critiques, matériaux indispensables aux transitions verte et numérique comme le lithium, indispensable à la construction des batteries électriques. L’objectif du Vieux Continent est de s’affranchir de la domination mondiale de Pékin dans le secteur, qui n’est pourtant pas encore en discussion. La dernière avancée dans la stratégie de l’UE s’est donc concrétisée par un protocole d’accord signé aujourd’hui (lundi 19 février) avec le Rwanda, dans lequel divers domaines de coopération sont établis entre les Vingt-Sept et la nation africaine.
L’industrie minière joue un rôle clé dans l’économie rwandaise, parmi les principaux extracteurs mondiaux de tantale (qui constitue un composant essentiel dans de nombreuses applications biomédicales et numériques) et est le seul État africain à héberger une fonderie d’étain. Le tungstène, l’or et le niobium sont également extraits dans le pays et des projets d’exploration ont été lancés pour identifier des gisements de terres rares (notamment le lithium), de plus en plus centrales dans la transition vers des économies bas carbone.
Le mémorandum est basé sur l’intégration de chaînes de valeur de matières premières durables, créant ainsi une nouvelle source d’approvisionnement pour l’Europe alors qu’elle cherche à devenir autonome face à l’hégémonie chinoise. Depuis quelques temps, Bruxelles recherche de nouveaux partenariats avec des pays producteurs de ces matériaux fondamentaux, comme dans le cas du lithium chilien. Au niveau africain, d’autres accords ont été signés en octobre dernier avec la République démocratique du Congo et la Zambie et en novembre 2022 avec la Namibie, en plus de ceux conclus avec l’Argentine, le Canada, le Groenland, le Kazakhstan et l’Ukraine.
L’accord parle ensuite de coopération pour la production durable de matières premières critiques et stratégiques, qui y sont incluses. vérifications nécessaires des entreprises et la coopération dans la lutte contre le trafic illégal de matières premières, ainsi que l’alignement sur les normes internationales en matière d’environnement, de société et de gouvernance (ESG en anglais). L’accord prévoit également le financement de la création d’infrastructures spécifiques tout au long de la chaîne de valeur des matières premières (de l’exploration à l’extraction jusqu’à la commercialisation), et bien sûr le partage des savoir comment la technologie et les résultats de la recherche et de l’innovation pour toutes les phases de production.
Le nouveau partenariat entre Bruxelles et Kigali fait partie de ce que l’on appelle Global Gateway, le plan d’infrastructures internationales de l’UE, une sorte de réponse européenne à la nouvelle route de la soie chinoise (autrement connue sous l’acronyme anglais BRI). Ce plan d’investissement fournira « le soutien financier nécessaire pour développer les compétences dans le secteur minier, améliorer la transparence et la traçabilité et soutenir la mobilisation de fonds pour les infrastructures », peut-on lire dans la note de la Commission. Au cours des six prochains mois, les parties devraient élaborer une feuille de route avec les actions concrètes envisagées dans ce nouveau partenariat stratégique.