Ils se sont rangés des voitures, mais leurs confidences valent de l’or pour notre sécurité. Douze anciens cambrioleurs britanniques ont révélé leurs méthodes et surtout ce qui les faisait renoncer à passer à l’acte. Cette étude menée par Co-op Insurance en 2017 fait tomber plusieurs idées reçues et offre des enseignements précieux pour protéger efficacement nos domiciles. Contrairement aux croyances populaires, la plupart des cambriolages relèvent plus de l’opportunisme que d’un plan minutieusement orchestré.
Ce qui fait vraiment reculer les cambrioleurs expérimentés
Les révélations des anciens malfrats interrogés sont édifiantes. Parmi les dispositifs qui les dissuadent le plus efficacement, les caméras de vidéosurveillance arrivent en tête. Leur présence visible suffit souvent à faire rebrousser chemin aux intrus potentiels. « Quand je vois des caméras, je passe mon chemin immédiatement. Le risque d’être identifié n’en vaut pas la chandelle », confie l’un des anciens voleurs interrogés.
Les aboiements d’un chien représentent également un frein majeur. Non seulement l’animal peut alerter les voisins, mais sa présence crée une complication supplémentaire que la plupart des cambrioleurs préfèrent éviter. Les portes robustes complètent ce podium des protections les plus dissuasives. Une porte d’entrée massive et bien sécurisée augmente considérablement le temps nécessaire pour s’introduire dans l’habitation.
De façon plus surprenante, les signes de présence comme un téléviseur allumé figurent en bonne place dans la liste. « Un cambriolage doit être rapide, cinq minutes maximum. Tout ce qui complique l’opération ou augmente le risque d’être repéré nous fait fuir », explique un ancien cambrioleur. Les fenêtres en PVC correctement verrouillées, une voiture dans l’allée ou encore une maison visible depuis d’autres habitations sont d’autres facteurs dissuasifs majeurs.
Fait notable, les systèmes d’alarme traditionnels n’arrivent qu’en treizième position des mesures de sécurité les plus craintes. Les voleurs les plus expérimentés les considèrent comme facilement contournables ou souvent ignorés par le voisinage. En revanche, les éclairages extérieurs à détection de mouvement, les clôtures bien entretenues et les portails verrouillés constituent des obstacles psychologiques efficaces.
Les techniques des cambrioleurs révélées
L’étude britannique déconstruit l’image du cambrioleur encagoulé opérant selon un plan millimétré. La réalité est bien plus pragmatique. « J’observe. Si je repère des signes de présence ou de protection, je ne prends pas de risque. Ce n’est pas une mission, c’est du business », résume un des participants à l’enquête. Cette approche opportuniste guide la majorité des intrusions résidentielles.
Noel « Razor » Smith, ancien braqueur reconverti en écrivain, bouscule également les clichés dans son témoignage au Guardian : « C’est un mythe de croire que les cambrioleurs portent des combinaisons, des cagoules et transportent de grands sacs. Aujourd’hui, ils peuvent être méconnaissables : élégants, en costume et avec une mallette! » Cette capacité à se fondre dans le paysage urbain constitue l’une de leurs forces.
Concernant le butin convoité, peu de surprises : l’argent liquide et les bijoux restent les cibles privilégiées, suivis par les appareils électroniques (télévisions, smartphones, tablettes, ordinateurs portables) et les clés de voiture. La rapidité d’exécution demeure leur priorité absolue. Les malfaiteurs cherchent à rester moins de cinq minutes dans l’habitation, privilégiant l’efficacité à la quantité.
Autre information précieuse : les cambrioleurs scrutent attentivement les habitudes des résidents avant de passer à l’action. Ils repèrent les signes d’absence prolongée et exploitent nos négligences quotidiennes. Cette observation peut parfois se faire via les réseaux sociaux, devenus une mine d’informations pour les personnes mal intentionnées.
Nos erreurs qui facilitent les cambriolages
Les témoignages recueillis par Co-op Insurance pointent également nos comportements qui équivalent à dérouler le tapis rouge pour les intrus. En tête de ces imprudences figure le fait de dormir fenêtres ouvertes, particulièrement durant les périodes estivales. Une fenêtre entrebâillée représente une invitation que peu de cambrioleurs refuseraient.
Laisser les portes déverrouillées, même en étant présent dans le logement, constitue une autre erreur fréquente. De nombreux vols se produisent alors que les occupants se trouvent à l’étage ou dans le jardin. « Les gens ne réalisent pas à quel point nous pouvons être silencieux et rapides », confie un des anciens voleurs.
Notre négligence concernant les accès extérieurs, comme les portillons ou portails laissés ouverts, facilite également le travail des cambrioleurs. Ces barrières, même symboliques, jouent pourtant un rôle psychologique important dans la dissuasion. Un simple portail fermé peut suffire à rediriger l’attention d’un voleur opportuniste vers une cible plus accessible.
Enfin, notre comportement sur les médias sociaux offre parfois des informations précieuses aux personnes mal intentionnées. Comme le souligne Noel « Razor » Smith : « Se vanter de ses vacances sur les réseaux sociaux équivaut à dire ‘Venez cambrioler ma maison’. Les gangs organisés en profitent pleinement. » Partager en temps réel des photos de vacances ou annoncer publiquement une absence prolongée constitue une imprudence majeure dans notre monde hyperconnecté.
Les révélations de ces cambrioleurs repentis nous offrent une perspective unique pour mieux comprendre ce qui attire – et surtout ce qui repousse – ceux qui convoitent nos biens. Des enseignements précieux qui nous permettent d’adapter efficacement notre stratégie de protection résidentielle face à des intrus qui, avant tout, cherchent la facilité et évitent les complications.