
L’Espagne à la dérive
Autrefois considérée comme modèle de croissance et de développement en Europe, l’Espagne connait aujourd’hui une crise sans précédent. Le pays, qui avait traversé une période de croissance rapide, de modernisation et de rayonnement culturel dans le monde depuis la fin du franquisme, s'enlise dans la crise économique. Entre croissance faible et récession, ces trois dernières années ont transformé le pays et fait naitre de l’exaspération au sein de la société.
Le chômage et l’endettement privé ayant explosé, la population désespère et ne croit plus en la politique. Le mouvement des Indignés, lancé il y a un an, le 15 mai 2011, exprime une attente de "démocratie réelle" et de fin de l’élitisme politique. Un nouveau modèle de société qui, face à la réalité et la dureté de la crise économique, a bien du mal à émerger.
Les coupes budgétaires s’enchainent depuis l’élection législative du 20 novembre 2011 qui a placé Mariano Rajoy à la tête du gouvernement et la population peine à suivre. La politique d’austérité encouragée par les banques et l’Union européenne pour renflouer les comptes publics laisse peu d’espoir aux Espagnols, qui descendent régulièrement dans les rues pour exprimer une profonde indignation.
Fin avril, l’institut national de l’emploi annonçait pour le mois de mars un taux de chômage record. 24,1% de la population, dont 52% de jeunes, sont actuellement sans emploi. Quand dans les autres pays de la zone euro le taux avoisine les 10,9 %, la quatrième puissance économique européenne de la zone euro, se souvient, avec nostalgie, de la belle époque des 9% de chômage de 2007. Les fonctionaires européens d'Eurostat sont attendu fin mai à Madrid. Il vont vérifier le déficit espagnol qui a atteint officiellement 8,9% en 2011 et la veracité des chiffres présentés en matière d'emploi.
Mais sans attendre, le gouvernement veut confier à deux sociétés d'audit indépendantes une mission d'évaluation de son secteur bancaire, ce qui permettra d' "éliminer les incertitudes et de générer de la confiance", a expliqué le ministre de l'Economie, Luis de Guindos.
Ces sociétés mèneront "pendant un mois, un test de résistance sur la situation des banques". Le secteur bancaire, doit réaliser 30 milliards d'euros de provisions supplémentaires. Elles s'ajoutent aux 53,8 milliards déjà mis de coté par les banques espagnoles pour espérer retrouver la confiance des investisseurs après l'explosion de la bulle immobiliére.