Dimanche 11 juin, près de 47 millions de Français étaient appelés à voter aux élections législatives pour désigner leurs représentants à l'Assemblée nationale. Plus que la lente extinction des partis traditionnels ou la consécration du mouvement d'Emmanuel Macron, La République en marche, c'est l'érosion de la participation électorale qui pose question.
Pour réduire l'abstention le président de l'Assemblée nationale a proposé de rendre le vote obligatoire. Une mesure déjà appliquée avec succès ailleurs en Europe quand le prix à payer pour s’abstenir est élevé. Mais forcer les électeurs peut avoir des effets pervers pour la démocratie.
Dimanche soir à la télé française, les élections européennes ne concernaient que l’Hexagone. Ce n’est pas le moyen de faire sentir aux Français qu’ils sont membres d’une vaste communauté…
Sans surprise les partis populistes ont marqué le scrutin européen. Si la France consacre le FN et le Royaume-Uni l'UKIP, la Grèce, elle, se tourne vers la gauche radicale. Quant aux Allemands et aux Italiens, ils expriment leur confiance aux partis qui gouvernent.
Si la majorité des pays en Europe ont opté pour une circonscription unique nationale pour les élections européennes, la France l'a abandonné au profit de circonscriptions découpées artificiellement. Un frein supplémentaire à la participation et un manque de légitimité démocratique d'autant plus important pour les eurodéputés.
C'est la fin de l'exception politique française. Montée de l'abstention, rejet du gouvernement sortant, percée de la droite radicale et rééquilibrage en faveur des partis progressistes: les législatives française s'inscrivent dans la tendance européenne. Une France désormais politiquement "normale" après les années Sarkozy. Analyse d'Eddy Fougier, Politologue et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)
Selon des résultats quasi-définitifs, le PS arrive en tête au premier tour des élections législatives dans quatre des six circonscriptions européennes des Français de l'étranger, organisé les 2 et 3 juin. Avec une inconnue de taille pour le second tour: le taux de participation. Moins d'un électeur sur 4 a voté au premier.
Le taux record d'abstentions au 1er tour des législatives françaises s'inscrit dans un mouvement de fond en Europe. Même si le phénomène est moins marqué qu'en France, l'abstention gagne du terrain lors des élections nationales dans plusieurs pays d'Europe.
Pourtant apolitiques, les Indignés se mouillent et donnent même une consigne de vote: dans chaque circonscription, les voix doivent aller au parti politique minoritaire qui a le plus de chance d'obtenir un siège au Parlement. Objectif: semer la zizanie et briser l'hégémonie des "partis de gouvernement".
Les dirigeants européens paient le prix des plans de rigueur et multiplient les revers électoraux. Mais les victoires de leurs adversaires sont en trompe-l'oeil : les électeurs désertent les urnes, comme hier au Portugal. Certains cèdent aux sirènes populistes, d'autres sont vraiment indignés et veulent une démocratie plus réelle.
Les Portugais ont choisi le camp qui leur imposera de nouvelles mesures de rigueur: ce sera la droite. Le nouveau Premier ministre va leur infliger une haute dose d’austérité pour assainir les comptes du pays. Portrait du futur Premier ministre Pedro Passos Coelho, libéral proche des milieux d'affaires.
Assommés par les mesures d'austérité à répétition, les Portugais ont fait payer au prix fort le gouvernement PS sortant qui obtient 28,5% des suffrages (sur 80% des circonscriptions dont le résultat était connu dimanche dans la soirée). Le PSD de centre droit a recueilli 40,6% des voix. Son leader, Pedro Passos Coelho, devrait succéder au Premier ministre José Socrates.
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