C'est donc la fin du soutien monétaire à l'économie et de l'argent facile et illimité dans la zone euro. La période du "quoi qu'il en coûte" annoncé par Mario Draghi en 2012 se termine, dix ans plus tard.
La Grèce, à court de liquidités, a évité l'implosion grâce à la livraison secrète de cash par l'UE. C'est l'envers du décor de la crise grecque: un pont aérien nocturne a fait ainsi transiter plus de 20 milliards d'euros en billets, ni vu ni connu. Récit.
La Banque centrale européenne va racheter la dette des pays européens tant qu'elle l'estimera nécessaire. Un passage en force de Mario Draghi face à l'Allemagne. Mais Berlin qui a toujours plaidé pour l'indépendance de la banque européenne est pris à son propre jeu.
L'accord conclu cette nuit au Conseil européen a rassuré les marchés. En arrachant à l'Allemagne des concessions, l'Italie et l'Espagne ont montré qu'un bloc du sud pouvait faire prévaloir ses vues. François Hollande, qui a pu faire avaliser son pacte de croissance, parait avoir choisi une stratégie payante en évitant le face à face avec Merkel.
Le candidat du Front de Gauche a pris exemple sur son camarade Oskar Lafontaine, lui aussi en rupture de ban de la gauche allemande. Mais l'eurodéputé Mélenchon n'a que mépris pour l'Europe de Bruxelles et se fait fort de remporter la "bataille d’opinion européenne" pour contrecarrer l’ultralibéralisme et le monétarisme dominant.
"L'Europe n'est plus au bord du gouffre", a assuré Nicolas Sarkozy avant de rejoindre les dirigeants européens réunis à Bruxelles pour un sommet consacré à la discipline budgétaire et à la relance de la croissance. La zone euro va tellement bien que l'Allemagne a proposé la mise sous tutelle de la Grèce menacée de faillite fin mars si aucun accord n'est trouvé.
Anglo Irish Bank n'a plus de clients: impossible d'y déposer de l'argent ou d'obtenir un crédit. Pourtant, l'Etat irlandais continue de rembourser à coup de milliards les créanciers privés de cette banque en failitte. Une injustice que dénoncent les associations, syndicats, et citoyens. Pour la BCE, l'Irlande fera face àl'équivalent"d'une explosion à Dublin" si elle ne remplit pas ses engagements.
Contrairement à l'Italie de Mario Monti, 3ème puissance économique de la zone euro, l'Espagne n'a pas vraiment voix au chapitre. Le nouveau premier ministre Mariano Rajoy promet de replacer l’Espagne en "première division" de la zone Euro et de peser sur les décisions à venir. Avec quels moyens? Et quels alliés?
L’euroscepticisme atteint des sommets historiques aux Pays-Bas. Des économistes préconisent même de scinder l’Europe en deux zones monétaires: un "neuro" pour les pays du Nord et un "zeuro" pour ceux du Sud. Le premier ministre Mark Rutte a commandé une étude sur la faisabilité d’une telle opération. Au-delà de la catastrophe politique, un tel éclatement aurait un coût faramineux pour le club fermé des "bons élèves".
Rien n'y fait. Ni la mise en place de gouvernements techniques en Grèce et en Italie ni les plans d'austérité à répétition. Tous les pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne, sont désormais dans le viseur des marchés. En attendant un énième "sommet de la dernière chance", Myeurop fait le point sur les solutions en discussion: intervention de la BCE, euro-obligations ou éclatement.
Après Mario Draghi, devenu il y a dix jours président de la BCE, Mario Monti succéde à Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement italien. Ancien disciple de James Tobin, ancien Commissaire européen à la concurrence qui fit condamner Microsoft, le président de la prestigieuse université Bocconi a le bon profil pour calmer l'angoisse des marchés sur l'Italie.
Loukas Papadimos, le nouveau premier ministre grec, est un technocrate et un économiste grand spécialiste de la rigueur. Les familles régnantes sur la vie politique grecque depuis des lustres ont finalement accepté de passer le témoin à ce quasi-inconnu qui a la confiance des marchés. Mais aura-t-il celle du peuple grec?
La Grèce peut souffler: 100 milliards de créances vont être effacés par les banques. Le pays ne fera pas faillite mais il est très loin d'être tiré d'affaire. Contrairement à ce que prétendent les dirigeants européens, sa dette n'est toujours pas supportable, d'autant que rien n'a été prévu pour relancer une croissance brisée par les plans d'austérité. Par contre, Athènes va être placée sous tutelle permanente.
Taxes sur les transactions financières, recapitalisations des banques, création d'une "autorité publique universelle" et d'une "banque centrale mondiale". Ce ne sont pas là les dernières trouvailles d'Attac ou un nouveau coup d'esbroufe de Sarkozy, mais bien les solutions du Vatican à la crise économique et financière. Un vœu pieux ?
Berlusconi dans ses petits souliers face à Sarkozy ! Et pourquoi ? Une navrante histoire de promesse non tenue, des discussions de marchands de tapis au sujet de la composition du conseil d'administration de la BCE. On en oublierait presque que se tient dimanche un énième sommet de la dernière chance, où les dirigeants de la zone euro doivent annoncer des mesures décisives pour enrayer la crise...
Le patron du très sérieux institut Ifo explique que l'Allemagne a une exposition de 450 milliards d'euros au sauvetage des pays l'euro. Plus du double prévu par le FESF, pour sauver l'Italie après la Grèce...et demain la France?
Après avoir rejeté le renforcement du Fonds de stabilité européen (FESF), le Parlement slovaque devrait revoter vendredi. Un parti minoritaire de la coalition au pouvoir bloque le dernier plan de sauvetage de la Grèce. Une nouvelle illustration des lacunes de la zone euro, parasitée par les jeux politiques nationaux.
La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a finalement validé le premier plan de sauvetage de la Grèce, décidé en 2010, tout en exigeant un renforcement des pouvoirs du Parlement. Angela Merkel, en difficulté jusque dans son propre camp, peut respirer. Un peu. La décision de la plus haute Cour allemande risque en effet de compromettre les efforts futurs pour venir en aide aux pays les plus endettés.