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Impopularité: Hollande pas seul dans la galère

mercredi, 17 avril, 2013 - 14:57

L'impopularité de François Hollande après un an à l'Elysée n'a rien d'exceptionnel. Partout en Europe, les dirigeants sont au plus bas dans les sondages. A deux exceptions notables: Angela Merkel, qui est au zénith, et le socialiste belge Elio di Rupo. Tour d'Europe de cette impopularité.

Chronique sur RFI - L'impopularité des dirigeants politiques by Myeurop

François Hollande fêtera son premier anniversaire à l'Elysée dans deux semaines sans tambour ni trompette. Le président français aura vu en douze petits mois dégringoler sa cote de popularité. Le baromètre Ipsos de l’action politique estime ainsi qu’en avril, 70% des Français ont un avis défavorable à son encontre. Ils n’étaient que 27% le mois de son élection…

Vendredi dernier, le Parisien magazine s’amusait même à le noter. En Une, l’hebdomadaire placardait sur un François Hollande de dos un piètre 7/20 (sondage BVA). 

Est-ce exceptionnel d'être aussi impopulaire? Non. C'est même la règle pour les autres dirigeants européens, à de très rares exceptions.

> L’Europe du sud: des chefs de gouvernement honnis

En Espagne, le champion de l’impopularité est sans nul doute le Président du gouvernement, Mariano Rajoy. Plus de 82% des Espagnols avaient, en janvier, "peu ou pas" confiance en lui, selon une étude du Centro de investigacion sociologicas (CIS). En outre, ils sont trois sur quatre a désapprouver sa politique, selon un sondage Metroscopia de janvier.

Plus embêtant encore pour Mariano Rajoy: près d’un électeur de son parti sur deux (45%) le désapprouve désormais (Metroscopia/El Pais). Le scandale du "Barcenasgate" n’a rien arrangé: il fait peser, depuis la publication par le quotidien El Pais de documents secrets, de lourds soupçons de corruption sur des cadres du PP, dont Mariano Rajoy. Signe d’un déficit de confiance de plus en plus grand entre l’exécutif et les Espagnols, après le chômage, la corruption et la fraude sont leurs principales préoccupations.

Au Portugal, le gouffre semble aussi profond. Le 3 mars dernier, les organisateurs de la manifestation contre l’austérité à Lisbonne s’étaient réunis derrière un slogan: "Que la Troïka aille se faire voir". Force est de constater que les Portugais ne cessent depuis d’adresser le même message, au gouvernement cette fois.

Le premier ministre Pedro Passos Coelho enregistre au mois de mars un niveau de popularité de… 21,5% seulement, selon l’Eurobaromètre de mars 2013 pour le journal Expresso et la chaîne de télévision SIC. Son parti, le PSD (droite), est lui aussi sur une très mauvaise pente. Avec 27% des intentions de vote, il est loin derrière l'opposition (PS) à 35%. Critiqué massivement pour sa politique de rigueur, Pedro Passos Coelho vient cependant d’être conforté dans ses fonctions par le Président de la République, Aníbal Cavaco Silva (au PSD lui aussi).

L’Italie souffre des mêmes symptômes, au point d’être toujours sans Président du Conseil depuis les élections de mars, puisque Mario Monti n’est maintenu à son poste que pour gérer les affaires courantes. Pour se faire une idée de la cote de popularité de Mario Monti, on peut se référer aux résultats du scrutin des 24 et 25 février et à l’adhésion des Italiens à ses listes: 10,56% à la Chambre des députés et 9,13% au Sénat.

> Royaume-Uni: Cameron à la dérive

Au Royaume-Uni, depuis novembre 2012, le premier ministre britannique David Cameron a, lui, basculé sous la barre des 50% d’opinion favorable. Le Guardian note d’ailleurs, à l’aune d'un récent sondage, qu’il n’y aura pas eu "d’effet Thatcher".

L’actuel locataire du 10 Downing Street n’a pas tiré profit de l’émotion suscitée par la disparition de la Dame de fer. Les Britanniques ne sont ainsi que 39% à juger positivement l’action du Premier ministre conservateur, contre près de la moitié (49%) des sondés qui le juge négativement. Et à tout prendre, ils préféraient Thatcher. A l’audacieuse question du Guardian qui leur demande "d’imaginer un moment qu’une Margaret Thatcher plus jeune soit à la place de David Cameron", le vote conservateur bondit de 8 points pour atteindre les 40% d’intentions de vote et dépasse les travaillistes…

> Belgique: Di Rupo, l’inoxydable

La Belgique fait elle, comme souvent, preuve d'originalité. L’ensemble de la population attribue une note de 5/10 au gouvernement fédéral, selon le baromètre RTL, Le Soir et Ipsos mars dernier. Une note ni brillante, ni catastrophique compte tenu du contexte économique et social particulièrement morose de ces derniers mois.

Quant au premier ministre, Elio Di Rupo, il reste l’homme politique belge le plus populaire avec 52 % de voix favorables en Wallonie et 42% à Bruxelles, selon le baromètre politique établi par la Libre Belgique en février dernier.

Comment expliquer ce décalage entre la popularité quasi-intacte du premier ministre et celle déclinante de son gouvernement?

Ce gouvernement a été formé après 500 jours de vacance à la tête de l’Etat belge. Une situation qui a évidemment suscité des attentes importantes de la part de la population. Des attentes auxquelles une équipe gouvernementale composée de six partis politiques parlant deux langues différentes pouvaient difficilement répondre.

Alors que ses ministres cherchent souvent des compromis introuvables, le PS, parti du premier ministre, maintient sa suprématie avec 32,2 % des intentions de vote en Wallonie et 24,2% à Bruxelles. Di Rupo bénéficie d'un état de grâce depuis près d'un an et demi! Un record à faire pâlir d'envie la plupart de ses collègues européens, notamment son voisin néerlandais.

> Pays-Bas: sortie de Rutte 

Aux Pays-Bas, pas de distinction entre la situation du "Ministre-Président" Mark Rutte et son gouvernement: ils sont tous deux au plus bas dans les sondages! Mark Rutte bat même un triste record, celui de la plus faible cote de popularité d’un chef du gouvernement après un si court laps de temps. Alors que la plupart d’entre eux affichaient un score de 7/10 après six mois de gouvernement, Mark Rutte affiche un pauvre 5,5/10…

Pire, l’ancien responsable des ressources humaines d’Unilever est contesté au sein de son propre parti. Ses valses hésitations sur les coupes budgétaires en matière de santé et son approbation de la politique européenne lui valent une affligeante étiquette de faiblesse.

Son parti ne se porte pas mieux: selon un sondage de l’institut Maurice de Hond, du 31 mars dernier, si l'on devait voter aujourd’hui, le parti libéral (VVD) perdrait 20 sièges (sur 41). Son allié au gouvernement, le parti travailliste en perdrait 17. Les bénéficiaires de cette déroute seraient d’abord le PVV, parti populiste de Geert Wilders qui gagnerait 12 sièges (de 15 à 27) et le parti socialiste (SP) qui en empocherait 8 (de 15 à 23).

> Angela, rocher dans la tempête

En Allemagne, dans cette Europe hostile à ses dirigeants, la chancelière reste à un niveau de popularité indécent. Angela Merkel (CDU), manœuvrière et inflexible dans sa gestion de la crise de la dette de la zone euro, demeure ainsi la personnalité politique préférée des Allemands: 68% d’entre eux en ont un avis favorable, selon un sondage du 4 avril dernier (chaine de télévision ARD).

A cinq mois de législatives qui devraient sans trop de soucis lui offrir un troisième mandat, Angela Merkel a relégué le parti SPD de son rival Peer Steinbrück au  plus bas niveau de popularité de son histoire.




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